Selon l’Insee, 13 millions de Français sont aujourd’hui concernés par l’illectronisme, ou illettrisme numérique. À Bouxwiller, la paroisse et le consistoire ont décidé de se saisir de ce problème en ouvrant un espace solidaire permettant de se former aux bases de l’informatique et d’être accompagné dans ses démarches en ligne. L’idée d’un tel lieu s’est esquissée après le premier confinement. «Autour de moi, beaucoup de personnes âgées ne pouvaient plus voir leurs petits enfants pour les aider à utiliser les outils informatiques, se souvient Michèle Wilhelm, diacre en charge du projet. Certaines m’ont sollicitée pour que j’effectue leurs démarches en ligne à leur place.» Depuis plusieurs années, les administrations passent au tout numérique. «La dématérialisation complète est prévue pour 2022. Il y a derrière des enjeux urgents d’accès aux droits.» Le consistoire s’apprête à signer une convention avec la branche d’Emmaüs dédiée à l’inclusion numérique, Emmaüs Connect, qui agit pour l’insertion des personnes en situation de précarité sociale et numérique. Elle prévoit la formation des bénévoles à l’accompagnement numérique et permettra de proposer à la vente des recharges téléphone ou Internet à prix solidaires, ainsi que du matériel reconditionné. Un ordinateur sera également mis à disposition en libre accès.
Des jeunes invités à animer des ateliers
L’espace de médiation accueillera des ateliers et des réunions pour aider les parents à comprendre les environnements de travail numériques de leurs enfants, de plus en plus investis à l’école, surtout depuis la crise sanitaire. «Certains parents n’arrivent pas à suivre, constate Michèle Wilhelm, forte de son expérience d’enseignante. Il y en a aussi qui n’ont pas les moyens d’offrir des équipements à leurs enfants.» Le projet se veut avant tout solidaire, créateur de liens entre ceux qui maîtrisent les outils numériques, et ceux qui peinent à s’en saisir. «On espère encourager les jeunes à animer des ateliers ponctuellement, détaille Michèle Wilhelm. Les enseignants du lycée Schattenman sont intéressés. Les étudiants en BTS nous apporteront leur aide notamment pour mener une enquête sur les besoins sociaux des habitants du territoire. Cela leur permettra également de découvrir le milieu caritatif.» Les bénévoles cherchent encore de nouveaux membres et un local. Mais les activités devraient tout de même démarrer en septembre, au foyer paroissial si besoin.