Poussé par la pauvreté, Rumen a choisi de prendre la route de l’exil. Son histoire est celle d’un ecclésiastique devenu migrant pour des raisons économiques. Selon une étude publiée le 1er février 2012 par le site « Orthodoxie.com », la majorité des prêtres orthodoxes vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est une situation que les ministres de l’Église protestante unie de France ne connaissent pas. Ils ne roulent pas sur l’or. Mais l’EPUdF veille à ce que chaque ministre et sa famille vivent dans des conditions décentes. Le cas de Rumen nous rappelle hélas que ce n’est pas toujours le cas dans toutes les Églises.
S’exiler pour vivre
Les années 90 ont été pour la Bulgarie une période de grand changement et de reconstruction politico-économique fondamentale. Au même moment, l’Église orthodoxe bulgare a connu une crise majeure. Les tensions ont entraîné des divisions de leur synode, qui a abouti à la création d’un synode alternatif. Ce désordre a accentué la précarité des prêtres. Beaucoup ont quitté leur ministère, pas Rumen. Seulement, son salaire de prêtre étant misérable, toutes les charges familiales étaient couvertes par son épouse. Même avec leurs deux salaires, ils ne pouvaient pas vivre et payer l’école de leur fille. « Ainsi, avec ma femme », dit Rumen, « nous avons pris une décision dure et définitive, quitter la Bulgarie. Des personnes qui nous faisaient confiance sont devenues garantes, pour nous permettre d’obtenir un crédit à la Banque. Nos parents nous ont aussi aidés, pour régler notre dette. Nous avons choisi la France, parce que notre grande fille apprenait la langue française à l’école ». Aujourd’hui, Rumen dit avoir retrouvé une vie normale en France avec son épouse et leurs enfants. Il a un travail et un logement au sein de l’Église protestante unie de l’Annonciation.
Son itinéraire de migrant
Leur décision de s’exiler est devenue réalité en 1999. Après avoir passé une nuit à Paris puis à Lyon, ils intègrent la communauté de Taizé grâce à la lettre de recommandation de son archevêque en Bulgarie. Rumen reconnaît avoir eu un accueil chaleureux et fraternel au sein de cette communauté. Mais ils ont quitté la Bulgarie pour trouver une vie meilleure en France. Ils devaient donc quitter la communauté, pour aller vers un « ailleurs » qui leur permettrait de gagner leur vie. Ils ont choisi d’aller à Paris. Une fois sur place, ils ont suivi l’itinéraire de la plupart des migrants : Cimade, Casp, rendez-vous à la préfecture, etc. Maîtrisant la langue française, leur fille aînée les a beaucoup aidés dans les démarches administratives. Et une bonne étoile les a conduits dans la paroisse de l’Annonciation. Ils y trouvent un lieu d’accueil qui leur permet de vivre en sécurité. « Nous avons eu une chance inouïe d’arriver là », dit-il. « Tout de suite, l’Entraide de la paroisse nous a pris en charge de façon extraordinaire. J’étais admis par la communauté et je devenais comme eux. Entre les protestants, j’ai trouvé une bonne ambiance, les gens qui lisent beaucoup. Ils sont gentils et sympathiques. Je suis très content ».
Rumen et sa famille ont obtenu un titre de séjour qui leur permet de vivre et de travailler en France. Depuis 2006, il est le gardien du temple de l’Annonciation. « Je suis sûr que ma famille a trouvé sa place dans la société française. La France est une grande école. Merci à Dieu ! Grâce à Lui, nous avons fait le meilleur choix à l’époque. Nous avons choisi la France ! »