L’ambiance est studieuse mais détendue. En ce jeudi 9 juin 2022, Franck Agbi Awume, professeur en Nouveau Testament à la Faculté d’Atakpamé, au Togo, aborde diverses situations dans lesquelles la maladie est évoquée dans les textes bibliques. Ainsi que les guérisons. Le propos s’étend rapidement aux pratiques dans les Églises : comment les malades y sont-ils perçus, accueillis, indépendamment de leur prise en charge médicale ? Comment peut réagir un pasteur face à des demandes explicites de prières de guérison – notamment dans un contexte qui pousse à voir la maladie en premier lieu comme d’origine spirituelle, comme la manifestation physique d’une influence mauvaise ? Faut-il à tout prix prier pour la guérison, ou accompagner ? Jésus, souligne-t-il en revenant aux Évangiles, ne faisait pas que guérir, il ne faisait pas que montrer la toute-puissance de Dieu : il compatissait à la douleur des malades, il participait à leur souffrance avant même d’intervenir.
Nous sommes dans la chapelle du Défap et le public est constitué de 24 pasteurs, français et togolais. Les questions ou anecdotes qui émergent à l’issue de l’intervention témoignent toutes de préoccupations bien concrètes : nous sommes au cœur des problèmes quotidiens de la pratique pastorale. Un participant évoque son malaise devant l’insistance de paroissiens qui viennent pour exiger une guérison. Un autre repart de la question posée par les disciples de Jésus, dans Jean 9, sur l’aveugle de naissance : qui a péché, lui ou ses parents ? Cette théologie de la rétribution qui a tendance à culpabiliser les malades est très répandue, souligne-t-il, y compris sur le […]