Quel est le thème sous-jacent à cette édition 2018 ?
Jean-Marie de Bourqueney : Cet événement est une création, pour le moins originale, d’une occasion de témoignage. L’objectif est simple : témoigner, avec notre spécificité d’interprétations plurielles, de l’importance de la prédication et du texte biblique. Cette Bible est, comme le disait le théologien protestant Roger Mehl, écho de la Parole de Dieu. C’est-à-dire que ce texte résonne en nous et que, dans la diversité de nos interprétations, nous pouvons y discerner, de manière personnelle et libre, une Parole qui nous dépasse. Les écrits humains deviennent, pour nous, Parole de Dieu. Calvin parlait de témoignage intérieur du Saint-Esprit, de cette inspiration du lecteur et de l’auditeur que nous sommes pour discerner, au travers de ces textes biblique, écrits de la main des hommes, cette Parole de Dieu qui nous est adressée. Oui, la Bible est écrite par des auteurs humains. Pour nous, elle est « inspirée », c’est-à-dire que les auteurs traduisent leur témoignage de foi. Mais elle n’est pas « dictée », comme une récitation dont Dieu serait l’auteur. Nous voulons refléter aussi toute la diversité de notre Église protestante unie de France, même si certains ne veulent pas jouer le jeu de cette diversité qui fait partie de l’identité profonde et historique de notre Église.
La Nuit de la Parole en est à sa 16e édition, quels sont les changements ?
La nouveauté 2018 est que les cinq pasteurs, de sensibilités très différentes, prêcheront sur le même texte, chacun avec son regard, spirituel et théologique : le prologue de l’évangile de Jean. Nous avons choisi ce texte car il ouvre à une grande diversité d’interprétations. C’est sans doute l’un des textes les plus interprétés, de manière extrêmement diversifiée : quelle est cette Parole dont on parle ? Quelle est, du coup, la nature du Christ ? Comment cet homme historique, Jésus, incarne-t-il cette Parole de Dieu ? On le sait, l’évangile de Jean est sans doute le plus compliqué à interpréter. Il est vrai qu’il emploie un langage parfois difficile et qu’il est, encore plus que les autres, à la croisée des chemins, entre la culture juive et la culture grecque. Tout comme nous, les auteurs de ce texte se posent des questions. En quoi résonnent-elles avec les nôtres aujourd’hui ? Quelle est cette Parole ? En quoi donne-t-elle sens à nos vies ?
Quelles ont été les raisons du choix de ce texte ?
Ce texte « incarne » parfaitement l’objectif de la Nuit de la Parole ! En effet, depuis sa création, l’idée est de témoigner de notre regard sur les textes bibliques auprès d’un « public » qui n’est pas forcément habitué à nos cultes du dimanche. Bref, et nos retours nous le montrent, c’est bien un sentiment d’intérêt et de découverte (parfois critique, et c’est bien !) qui guide les personnes qui viennent ! Cette dynamique ne s’éteint pas et nombreuses sont les personnes qui nous disent leur intérêt pour cette démarche. Quant aux pasteurs, cela les oblige aussi à sortir d’une démarche « dominicale » pour devenir, comme notre Église nous y invite, des « témoins ». Nous n’oublions pas que le prologue de Jean est même l’une des références en dehors du christianisme, par exemple chez les francs-maçons. Bref, nous pouvons avoir des lectures multiples de ce texte. À chacun·e d’entre nous ensuite de se forger sa propre conviction. Et c’est là tout l’intérêt de ce texte ! Cette Nuit de la Parole propose, afin que chacun dispose.
Samedi 24 novembre, de 20h à 23h30, au temple des Batignolles, 44 bd des Batignolles, 75017 Paris.
Les prédications seront entrecoupées d’intermèdes artistiques et de buffets.
Les cinq prédicateurs sont la professeure Corinne Lanoir et les pasteurs Andreas Seyboldt, Agnès von Kirchbach, Marc-Henri Vidal et Jean-Marie de Bourqueney.
www.lanuitdelaparole.org