Les Églises protestantes françaises, et l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine en particulier, se disent prêtes à reconnaître que les violences sexistes et sexuelles commises par des pasteurs ou des laïcs engagés existent en leur sein. Ces violences demandent encore à être prévenues, les victimes protégées et leurs acteurs sanctionnés.
Une chaise vide. C’est avec ce symbole que l’association Une place pour elle, fondée en 2018 par Valérie Duval-Poujol, actuelle vice-présidente de la Fédération protestante de France (FPF), veut sensibiliser le public aux violences conjugales faites aux femmes.
Autre initiative tout autant symbolique et initiée au sein du Conseil œcuménique des Églises, la campagne des Jeudis en noir qui invite les personnes à se vêtir en noir ce jour-là, afin de dénoncer les attitudes et les pratiques favorisant la culture du viol et de la violence à travers le monde.
Au-delà du geste et du symbole, ces initiatives visent à sensibiliser le public de nos Églises à ces réalités, celles des violences sexistes et sexuelles. Elles doivent permettre aussi à la parole de se libérer, aux victimes de ces violences de témoigner et d’être écoutées et soutenues.
C’est grâce à la vague #MeToo que la parole s’est en effectivement libérée. Tout du moins dans l’Église catholique en France. Dirigée par le haut-fonctionnaire Jean-Marc Sauvé, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) a été créée en 2018 pour recenser les faits d’abus sexuels sur mineurs et sur les personnes vulnérables dans l’Église catholique en France depuis les années 1950. Après deux ans d’enquête, elle a rendu, fin 2021, un rapport dans lequel elle estime qu’au moins 2,5 % à 2,8 % des prêtres et religieux ont commis des agressions sexuelles ou des viols sur environ 216 000 victimes. Lorsqu’elle inclut les agresseurs laïcs, le nombre de victimes majeures et vivantes au moment de la rédaction du document est évalué à plus de 330 000.
Dans les Églises protestantes
Au lendemain de la publication du rapport de la Ciase, beaucoup se sont demandé si les Églises protestantes connaissaient, elles aussi, des cas d’abus et de violences sexistes et sexuelles de la part de leurs ministres et de leurs membres. En Allemagne, dès 2010, les Églises protestantes (EKD) avaient pris la mesure de ces violences en leur sein : une enquête révèle que 942 cas ont été signalés depuis 1950. […]