Créée à La Force en Dordogne, par le pasteur John Bost en 1848, la fondation se compose aujourd’hui de 38 établissements répartis dans 4  régions. Elle s’est dotée de 4 aumôniers, dont 3 dans le Sud-Ouest et un en région Paris-Normandie. Le pasteur Christian Apel est arrivé dans cette dernière région il y a 3 ans. Deux établissements sont réservés aux personnes ayant des troubles psychiques, d’autres établissements aux enfants et jeunes adultes comme la « Clé pour l’autisme », et enfin un foyer pour des personnes autistes et polyhandicapées.

S’adapter

L’aumônier doit s’adapter aux différents publics car les résidents sont de toutes religions. Protestant, l’aumônier préside le culte et est aussi accompagnant confessionnel. Pas de prosélytisme, mais on parle aujourd’hui d’accompagnement spirituel, de recherche de « sens » de « spiritualité », d e construire une relation avec Dieu. Le pasteur aide les personnes à entrer en contact avec les Églises de leur choix : les catholiques sont nombreux ainsi que les évangéliques et en région parisienne les musulmans. L’aumônier donne facilité à chacun pour pratiquer la religion de son choix ou du choix de la famille quand le résident n’est pas en mesure de choisir. Christian Apel s’adapte aussi au handicap de chacun. Études bibliques et catéchisme pour adultes, pour les résidents autonomes qui s’expriment bien et ont une bonne capacité intellectuelle. Les résidents de la « Clé pour l’autisme », qui préparent une activité professionnelle dans un Établissement ou service d’aides par le travail (ESAT) – espaces verts, blanchisserie – ont un moment spirituel qui s’apparente à une catéchèse pour adolescents et des vidéos pour engager le débat. Christian met en place des « rituels » pour les personnes très peu autonomes et qui ne s’expriment pas par la parole. Au culte, on fait appel aux « 5 sens » : petits gestes, bougies, sons (gongs), palets de prières portant la mention : merci, pardon, s’il te plaît. Une corde de prière fabriquée de tissus différents et d’origines diverses, de 5 m de long, permet de s’asseoir en cercle et de « s’accrocher » pour dire ensemble le « Notre Père ». À la fois, on insiste sur la diversité et l’accueil : être accueilli tel qu’on est car trop souvent on parle d’intégration des personnes handicapées, mais ce sont elles qui doivent s’adapter ! Pour Christian, il s’agit de trouver des moyens d’expression adaptés à tous et changer le comportement et le regard sur le handicap. C’est pourquoi Christian Apel va souvent dans des paroisses prêcher et apporte « sa malle » et tous les objets qu’il utilise pour sensibiliser les résidents de La Force. Il présente des montages afin d’expliquer la démarche de l’accompagnement spirituel.

Un rôle particulier

C’est un « ministère très riche », confie Christian Apel, du fait des contacts avec tous les professionnels de la Fondation John BOST, des discussions et des dialogues noués avec eux. Il se dit un « professionnel » parmi les autres et doit être accepté en tant que tel. De ce fait, il a un rôle auprès des personnels des différents établissements, participe aux sorties, aux fêtes. Des équipes de bénévoles multiconfessionnelles se sont constituées, on lui demande parfois conseil dans le choix d’une Église. Il emmène des résidents dans des paroisses alentour, ainsi au temple Saint-Eloi de Rouen lors de la soirée des « Christmas Carols » à Noël ou à la paroisse de Saint-Quentin-en-Yvelines lors de cultes, de fêtes et de repas. Christian Apel est toujours à la recherche de nouveaux langages !