Servir Ensemble : Qu’est-ce qui t’a poussée à entreprendre cette recherche sur les violences conjugales dans les églises évangéliques ? Y a-t-il eu un moment déclencheur qui t’a incitée à écrire sur ce sujet ?
Murielle Selon : Tout d’abord merci à Servir ensemble de me donner l’opportunité de parler de ma recherche et des résultats obtenus sur les violences conjugales dans les églises évangéliques.
Il y a deux entrées dans cette recherche. La première est professionnelle, car en tant qu’infirmière puéricultrice en PMI (Protection Maternelle et Infantile) je côtoie dans mes missions de prévention ces situations de violences conjugales : soit auprès de parents qui viennent d’avoir un bébé, soit auprès des assistantes maternelles que j’accompagne après avoir donné un avis à leur agrément, soit dans les évaluations d’informations préoccupantes ou signalements avec l’ASE (aide sociale à l’enfance) dans le cadre de la protection de l’enfance.
J’avais entendu parler des violences conjugales dans le cadre de ma formation en relation d’aide chrétienne (avec l’organisme Empreinte Formation), et entendu plusieurs femmes chrétiennes parler de leurs difficultés conjugales. Mais c’est après avoir vécu des violences psychologiques au sein de mon couple dès le lendemain du mariage, et face à la manière dont cela a été géré dans l’église, que j’ai sollicité mon employeur pour faire une formation approfondie sur le sujet. Cela s’est concrétisé par un DU (diplôme universitaire) à Paris 8 sous la responsabilité du Juge Édouard Durand et de Mme Ernestine Ronai, spécialistes du sujet.
Tu parles à mots couverts de la résistance des Églises face à ta recherche. Quels sont les défis que tu as rencontrés lors de la rédaction de ton mémoire ou de la collecte de données ? Comment les as-tu surmontés ?
En fait, je n’ai pas rencontré de véritables freins lors de mon enquête de terrain pour le mémoire. L’université a accepté que je traite le sujet en me disant que partout où il y avait de la violence, il fallait voir ce que l’on pouvait faire pour que ça change. La principale difficulté a été de diffuser mon questionnaire à un grand nombre de personnes du fait de la loi RGPD sur la transmission des données personnelles. J’ai dû activer mon réseau personnel pour obtenir les 221 réponses […]