Mardi 30 mai, Emmanuel Macron a reçu à l’Élysée le chef de l’Église maronite Béchara Raï, pour une rencontre « dans le cadre des efforts déployés par Paris pour le Liban et les Libanais ». Le Président et le patriarche « ont partagé leurs vives préoccupations face à la crise » et à « la paralysie des institutions alimentée par la vacance présidentielle depuis plus de sept mois », rapporte l’Élysée.

Emmanuel Macron a aussi évoqué la « nécessité » que les chrétiens du Liban « demeurent au centre de l’équilibre confessionnel et institutionnel de l’État libanais », indique L’Orient-Le Jour. Car selon la règle au Liban, le président de la République est toujours un chrétien maronite, une branche du christianisme oriental.

Le système politique du pays est confessionnel, et il permet aux religions majoritaires du pays de coexister pour préserver la paix. Mais le dernier titulaire de la fonction de président, Michel Aoun, a quitté son poste en octobre 2022, et le Parlement n’est pas parvenu à désigner un candidat pour lui succéder.

Divergences entre le Hezbollah et les partis chrétiens

Ce sont les divergences entre le Hezbollah, parti chiite, et ses adversaires, notamment des partis chrétiens, qui empêchent l’élection d’un successeur. Le Hebzollah ne dispose pas de la majorité nécessaire pour imposer le candidat de son choix, Sleiman Frangié.

Il lui manque l’appui d’un parti chrétien, et ses opposants les plus farouches sont les Forces libanaises. Elles reprochent à Frangié d’être l’allié d’une milice armée, considérée comme une organisation terroriste. De leur côté, les partis issus de la communauté chrétienne n’ont pas réussi à imposer leur candidat, Michel Moawad.

Le Liban se trouve dans une situation de grande instabilité politique alors qu’il traverse une grave crise économique et sociale. En mars 2023, le Fonds monétaire international (FMI) avertissait que le pays était « menacé d’une crise sans fin », mais la paupérisation d’une grande partie de la population n’incite pas pour autant les politiques à trouver un accord.

Un système fragile de communautés

Le système confessionnel libanais vise à établir la paix entre les communautés, bien que cette paix soit fragile. Selon ce système, la présidence de l’État revient à un chrétien maronite, la direction du gouvernement revient à un musulman sunnite et celle du Parlement à un musulman chiite. Les sièges des députés sont ensuite répartis entre chrétiens et musulmans, comme l’explique Le Monde diplomatique.

Ces règles n’ont pas été fixées par écrit, mais par un pacte entre les grandes familles maronites et sunnites, conclu après la déclaration d’indépendance du pays, en 1943. L’accord de Taëf, en 1989, a ensuite instauré la parité entre chrétiens et musulmans à l’Assemblée. Il a contribué à mettre fin à quinze ans de guerre civile, après des déchirements entre les communautés libanaises.

Selon L’Orient-Le Jour, des informations circulent sur un accord autour de la désignation de l’ancien ministre des Finances Jihad Azour. Les partis chrétiens tentent actuellement de proposer la candidature du haut responsable du FMI, mais ils doivent encore s’entendre avec le Hezbollah sur son « projet politique ».