Le livre d’Esther se situe dans le royaume de Perse, sous le roi Xerxès (486-465) entre le premier retour des exilés sous la direction de Zorobabel ordonné par Cyrus et le second retour sous la direction de Néhémie, autorisé par Artaxerxès. Le récit raconte l’histoire d’un roi capricieux qui se laisse influencer par un conseiller antisémite du nom de Haman qui lui fait rédiger un décret ordonnant un génocide contre les juifs du royaume. Comme le royaume de Perse occupe tout le Moyen-Orient, le décret signifie l’élimination de tout le peuple juif.
La libération est conduite par la reine Esther et son tuteur Mardochée. Le roi ne sait pas que la reine qu’il a nouvellement choisie, Esther, est juive, car son tuteur lui a conseillé de cacher son identité. Cette dernière doit intervenir auprès du roi pour qu’il revienne sur son décret, mais l’entreprise est dangereuse, car la reine précédente a été destituée pour avoir déplu au monarque. Esther demande à tous les juifs du royaume de prier et de jeûner pour soutenir sa démarche et elle obtient la faveur du roi. Les plans de Haman sont dévoilés et il est pris au piège qu’il avait manigancé.
Le livre d’Esther est important dans le judaïsme, car il est à l’origine de la fête de Pourim qui est une sorte de carnaval qui célèbre la libération des juifs et la chute des antisémites.
La raison de la haine de Haman est que Mardochée a refusé de s’incliner devant lui. Cette haine est pathologique en ce qu’il décide de l’élimination de tous les Juifs parce qu’il a un différend avec l’un d’entre eux. Le propre de la démarche raciste est d’appliquer à tout un peuple le comportement d’un de ses membres. Dans ce récit, les Juifs ne sont haïs pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont.
Le livre d’Esther fait de Haman un descendant d’Amalec et le livre du Deutéronome donne le commandement de se souvenir d’Amalec[1]. Ce livre a trouvé sa place dans le canon de la Bible pour nous rappeler que l’antisémitisme est un danger de tous les temps.
L’action de Dieu dans l’histoire
Le livre d’Esther peut se comparer à celui de l’Exode en ce qu’ils racontent tous les deux une libération. Dans le premier cas, Dieu a multiplié les miracles : les plaies – la mer coupée – l’eau jaillie du rocher – la manne… pour permettre la sortie de l’esclavage. Dans le second cas, il est passé par des moyens humains, l’intervention d’une femme. Les commentaires ont souligné que l’Exode correspond à l’enfance du peuple, mais au temps d’Esther, il est arrivé à la maturité et il doit être l’agent de sa libération.
[1] Dt 25.17.