Et s’il fallait lire autrement la fameuse histoire de la tour de Babel ? À la suite des récits de Caïn et Abel et du Déluge, l’histoire de Babel (c’est-à-dire Babylone [1]) a une portée théologique, présentant les suites de la rupture en Éden. Au-delà de l’événement, elle dénonce un phénomène récurrent au travers des âges.
Ésaïe et l’Apocalypse, dans la suite des Écritures, évoqueront ainsi Babylone comme l’archétype de la cité orgueilleuse des hommes, en contraste avec Jérusalem, cité et montagne de Dieu [2].
Le récit de Babel, bien compris, nous interroge sur notre rapport au monde et à la diversité culturelle.
Dispersion de l’humanité : un mal ou un bien ?
Dans la « Table des nations » (liste des pères fondateurs des soixante-dix nations qui descendent de Noé), les descendants de Noé se dispersent « selon leur langue » (Gn 10.5, 20 et 31). Cette dissémination se serait-elle produite après que Dieu ait brouillé la langue des bâtisseurs à Babel ? Certains proposent donc une chronologie qui inverse les chapitres 10 et 11. La diversité linguistique serait alors l’effet d’un jugement contre l’humanité.
Ou Babel serait-il plutôt un épisode […]