Ceux qui annoncent l’effondrement du monde sont parfois considérés comme des prophètes de malheur. Bibliquement, la comparaison n’est pas fausse. Des prophètes bibliques, nous pouvons dire trois choses. En hébreu, le mot prophète vient d’un verbe qui signifie venir ; le prophète est celui qui voit ce qui vient, qui est capable de faire venir la parole divine. Le prophète nous aide à saisir le fil du temps long entrelacé dans la succession des événements, en un mot à entreprendre le déchiffrage de l’histoire afin d’infléchir le comportement des humains vers la justice.

Dans le livre d’Ésaïe, le peuple dit au prophète : « Ne nous prophétisez pas des choses justes, dites-nous des choses agréables. » Le vrai prophète ne caresse pas le peuple dans le sens de son attente, il parle de justice même quand ce n’est pas agréable à entendre et de malheur même quand on préfère se boucher les yeux. Parce que sa parole est difficile à entendre, le prophète est souvent marginalisé, on le fait taire ou on le discrédite. Le corps social se […]