L’ historicité du passage de la mer nous échappe. Impossible de dater l’événement (pharaon ?) et sa localisation (mer Rouge ou des Joncs ?). Même le récit plus réaliste de la mer qui monte et se retire, du vent qui souffle, des chars de Pharaon qui s’enlisent, ne permet pas d’affirmer l’historicité de l’événement. Derrière le spectaculaire se cache un autre récit.
Des actes fondateurs pour aujourd’hui
De même, le texte évangélique s’arrête au tombeau vide. Que des femmes en soient les premiers témoins fragilisa le message. Leur témoignage avait peu de valeur… Aujourd’hui, il est crédible. Mais le texte ne parle pas de la résurrection, qui reste inaccessible, indescriptible.
Le passage de la mer est synonyme de libération du peuple d’Israël. Dieu intervient dans l’histoire du salut. Lorsque les Juifs célèbrent Pâque, c’est non seulement pour commémorer l’événement mais aussi pour rester libres aujourd’hui. Dans le texte évangélique, le Christ poursuit sa mission, il est là, devant les femmes, et donne rendez-vous en Galilée. La résurrection ne renvoie pas à un au-delà mais à un ici et maintenant.
Une dynamique de foi
Dans ces deux textes, tout est mouvement. Pâque, Pessah, est littéralement « le passage ». Le verbe passer en hébreu peut se traduire par sauter, épargner, en référence aux anges sautant les maisons israélites pour épargner les premiers-nés. De même pour le texte matthéen : venir, descendre, aller, courir, rencontrer. Ce récit en mouvement permanent ne parle pas de résurrection mais de la rencontre du ressuscité. La foi n’est ni un bloc dogmatique ni une somme de certitudes, mais bien une rencontre qui étonne et interpelle. « Jésus vint à leur rencontre. » (Mt 28.9)
Le Christ est là sur le chemin de nos vies, là où nous luttons, marchons et aimons. Il nous fait signe pour une vie nouvelle le. Dieu nous cherche parmi les vivants.
Par Éric Deheunynck, historien