La chair : une vie repliée sur elle-même
Parce que ce que Paul désigne par « la chair », ce n’est pas le corps au sens biologique, ni la sexualité, comme certains ont voulu le croire ou le faire croire. Ce n’est pas le plaisir ou l’émotion. La chair, chez Paul, c’est une manière de vivre refermée sur soi. C’est l’humain livré à lui-même, gouverné par la peur, le besoin de contrôle, le désir de puissance, la survie à tout prix. C’est l’humanité qui fonctionne à l’instinct, à l’orgueil, à l’épuisement. Et Paul dit quelque chose de très simple et en même temps de radical : on ne peut pas vivre en communion avec Dieu quand on est enfermé dans ce régime-là. Pas parce que Dieu nous punit ou se détourne, mais parce que ce régime nous coupe de toute relation vraie. Il nous replie. Il nous ferme. Il nous ment.
Une vie habitée
Mais il ne s’arrête pas là. Heureusement. Il dit à ses destinataires, à vous, à moi : « Vous, vous n’êtes pas dans ce fonctionnement-là. » Pas parce qu’on serait meilleurs. Mais parce que quelque chose s’est passé. Quelqu’un est venu habiter là. L’Esprit. Le Souffle. Pas une force vague ou mystique. Mais une présence. Une respiration nouvelle. Une orientation de vie. Et c’est là que le texte devient bouleversant. Paul dit : si Christ est en vous, alors même si vous êtes mortels, même si vous portez la fragilité, même si vos corps sont soumis à l’usure, à la fatigue, à la chute… eh bien l’Esprit, lui, fait vivre. Et pas d’une vie désincarnée, pas d’une spiritualité en lévitation. Une vraie vie. Une vie qui se réveille, qui se relève, qui résiste. Une vie qui se reçoit.
Le signe d’un autre régime
Je trouve dans ces versets une des affirmations les plus fortes de la foi chrétienne : le changement fondamental dans la vie d’un croyant, ce n’est pas qu’il devient plus vertueux, plus sage, plus performant. C’est qu’il devient habité. Et cette habitation change tout. Mais ce n’est pas magique. Ce n’est pas instantané. C’est un déplacement […]