Il y a ce passage de la seconde lettre à Timothée qui m’inspire une grande réserve, parce que son vocabulaire est celui avec lequel on désigne des coupables et imagine des complots. Et cependant, sa résonance avec notre époque m’intrigue tellement que je ne parviens pas à faire taire cette petite voix en moi qui me dit qu’il y a là une parole à méditer :
« Dans les temps qui sont les derniers […] les gens seront égoïstes, amis de l’argent, vantards et orgueilleux […]. Ils seront durs, sans pitié, calomniateurs, violents, cruels et ennemis du bien ; ils seront traîtres, emportés et enflés d’orgueil. Ils aimeront le plaisir plutôt que Dieu ; ils garderont les formes extérieures de la foi, mais ils en rejetteront la puissance. » (2 Tim 3,1-5, NFC)
Les images qui me viennent à la lecture de ces mots : des hommes riches, puissants – chefs d’État peut-être – qui se présenteraient comme défenseurs de la foi, mais utiliseraient le mensonge et la violence pour satisfaire leur convoitise démesurée.
Mais restons raisonnables ! Il n’y a là qu’un mécanisme bien connu : proposer des paroles suffisamment généralistes et intrigantes pour qu’on ait envie d’y lire la révélation des mystères de nos vies. Chaque génération a ainsi l’opportunité de s’imaginer vivre les derniers temps !
Reste que, puisqu’on ne parle pas d’un horoscope mais de la Bible, il est toujours possible que derrière l’artifice littéraire se cache une sagesse plus profonde qu’on ne l’imagine. C’est donc avec une certaine espérance que j’accueille la conclusion de ce passage :
« Ils ont l’esprit faussé et leur foi ne vaut rien. Mais ils n’iront pas très loin, car tout le monde se rendra compte de leur stupidité. » (2 Tim 3,9, NFC)
Martin Nouis, pasteur, pour « L’œil de Réforme »