L’Irlande a été évangélisée dès le Vème siècle par des missionnaires venus du continent comme Palladius et Patrick. Si l’essor du christianisme celtique de la fin de l’Antiquité au début du Moyen-Âge demeure nimbé de mystère, tous les historiens s’accordent à dire que l’île s’est tournée vers la foi chrétienne, sans l’usage de la violence, en seulement deux siècles. Dès lors s’est développée une riche tradition qui mérite d’être étudiée. Et si les chrétiens celtes du passé avaient quelque chose à nous dire, à nous chrétiens évangéliques du XXIème siècle ?
Un autre rapport à Dieu
Historiquement, le christianisme celtique s’est ancré dans les grandes affirmations doctrinales de Nicée (notamment la croyance en la Trinité et l’affirmation de la double nature du Christ). L’approche celtique peut être qualifiée d’holistique puisqu’elle ne cantonne pas Dieu aux lieux de culte. Le Dieu trinitaire, Créateur de l’univers visible et invisible, dépasse de loin tout ce qui est imaginable ou saisissable, il est ce Tout-autre mystérieux qui échappe aux raisonnements humains et aux constructions intellectuelles. Dans le même temps, Dieu se laisse rencontrer puisqu’il peut être trouvé partout. En d’autres termes, le Dieu transcendant (au-dessus de nous) est disponible à chaque instant comme le Dieu immanent (à côté de nous). Il l’a démontré singulièrement lors de la venue de Jésus-Christ sur terre et de l’événement de la Pentecôte. Qu’on le reconnaisse ou non, notre pratique religieuse actuelle est profondément marquée par le sécularisme ambiant, la foi étant restreinte à la « sphère privée ». À titre d’exemple, combien d’entre nous oublions opportunément de prier au restaurant par peur de choquer nos voisins ? Pour le chrétien celtique, le Dieu trine peut être rencontré dans les thin places […]