Pour beaucoup d’entre nous, poser des limites claires est l’apprentissage de toute une vie. Le mouvement #metoo et la question du consentement ont mis en lumière l’importance toute particulière de cette compétence pour les femmes. De plus, pour ces dernières, cet apprentissage est plus ardu, car elles sont socialisées pour être avenantes et dociles. Dans l’Église, l’accent parfois mis sur l’idée erronée de soumission généralisée des femmes aux hommes ajoute encore un obstacle à mettre des limites. Cette question de l’apprentissage des limites est soudainement devenue primordiale quand j’étais étudiante. Et la réponse qu’ont apportée mes camarades a été porteuse de vie.
Une expérience très désagréable
Durant mes études de théologie, j’ai vécu une expérience particulièrement désagréable avec un intervenant qui avait le double de mon âge et qui semblait convaincu que nous avions une relation particulière. Il m’a fallu l’éviter et me cacher pendant des jours et des jours. Ce qui m’a le plus chagrinée dans cette affaire, c’était l’impression de n’avoir pas réussi à me protéger, ni à poser clairement les limites qui m’auraient gardée en sécurité. Je vivais dans la crainte que cette situation ne se reproduise, que je ne sache me protéger, et que les déboires qui en suivraient ne soient, en partie, de ma faute.
Le déclic
J’ai, à cette époque, interrogé les autres étudiantes sur leurs vécus de harcèlement, d’abus, de malaise dans et hors de l’Église. Et les réponses étaient claires. Les étudiantes venaient du monde entier mais toutes avaient déjà connu des situations pénibles en raison de leur genre. Pour beaucoup de mes amies, c’était presque un « non-sujet ». Pour elles, cela faisait partie de notre lot de femmes, il n’y avait rien à faire. Sur la recommandation d’une […]