L’autre est toujours différent ; l’accueillir m’oblige à accepter que ma manière de penser, ma manière de faire, n’est pas la seule, ni même la meilleure. Plus l’autre vient de loin, plus l’effort est conséquent. Mais l’accueil n’est pas seulement un geste bénéfique et généreux pour l’autre ; moi-même je suis au bénéficie de ce geste en m’ouvrant, en apprenant.
Le récit des mages « venus d’Orient » est frappant par l’accueil qu’il présente. À une époque où le voyage était pénible, cher et extrêmement dangereux, on se déplaçait seulement par nécessité absolue. L’ignorance des coutumes et des intentions de l’autre faisait que la méfiance envers l’étranger était de règle. L’accueil de l’étranger en Palestine au temps de Jésus n’allait pas de soi. Les règles de pureté interdisaient le contact entre le Juif et le non-Juif, tel que le partage du repas, d’un verre d’eau, ou même le fait d’être sous le même toit (Ac 11.3, Jn 4.9). Même les lois de l’Ancien Testament qui interdisaient l’oppression de l’étranger s’appliquaient au résident établi plutôt qu’au voyageur (Ex 22.20, Dt 24.14).
Des personnages suspects
Contrairement à ce que rapportent nos traditions, les mages n’étaient probablement pas des visiteurs d’honneur. Quand les premiers destinataires de Matthieu entendaient le mot magoï, ils pensaient certainement aux personnages de la littérature juive désignés par ce terme : les magiciens incompétents et malhonnêtes de Pharaon, le sorcier Balaam recruté pour maudire Israël, les astrologues perses incapables d’interpréter les rêves du roi dans le récit de Daniel. Magoï est utilisé pour désigner des sorciers malfaisants, souvent associés aux empoisonneurs. La seule occurrence du mot dans le Nouveau Testament […]