Le nouveau musée de la romanité de Nîmes s’est penché cet été sur le statut très particulier des empereurs romains. Décalée en raison de la crise, l’exposition se poursuit jusqu’au 19 septembre, mais on peut espérer une prolongation afin qu’un maximum de personnes puisse la voir. 149 œuvres, dont une majorité vient de la région (l’antique Narbonnaise) et une trentaine du Louvre sont exposées dans une intelligente scénographie qui aide à en comprendre le sens.

Des rites et des Hommes

La religion romaine est assise sur le respect minutieux de rites nombreux et très contraignants. C’est leur application qui assure la paix et la prospérité au peuple, tout oubli ou négligence ne peut qu’entraîner des catastrophes. À la tête des prêtres (flamines et vestales), on trouve les pontifes, jusqu’au plus important d’entre eux, le souverain pontife (pontifex maximus). Très ancien, ce titre n’a pas disparu : c’est devenu celui, très officiel, du pape à Rome, jusqu’à nos jours. Le rôle de ce pontife est si important que Jules César s’y fait élire : il est en charge du calendrier des jours fastes et néfastes, des inaugurations (au sens propre : prendre les augures afin de consacrer un édifice), de présider le culte aux dieux… C’est une tendance que l’on trouve dans bien des régimes, à bien des époques que d’allier le pouvoir temporel avec le pouvoir spirituel pour rendre toute contestation impossible.

Devenir Dieu

Le splendide buste d’Octave-Auguste, prêté par le Louvre, « cueille » le visiteur par sa perfection. Le premier empereur est représenté la tête couverte dans sa fonction de sacrifiant, une des plus importantes dans les cérémonies. Il cherche pendant tout son règne à se poser en élu des dieux, intermédiaire entre ceux-ci et les Hommes. À sa mort, le terrain est suffisamment préparé pour que le Sénat proclame son apothéose, c’est-à-dire son accession à un statut divin, dont vont bénéficier presque tous ses successeurs. La Narbonnaise, province conquise, s’empresse de donner des gages de fidélité et d’obéissance à ce nouveau culte, qui englobe même la famille : c’est la Maison Carrée de Nîmes, dédiée aux héritiers présomptifs d’Auguste qui deviennent les protecteurs de la cité. Le culte se rend aussi dans le cadre privé, comme en témoignent des statuettes trouvées dans les maisons à l’effigie de l’empereur ou de sa famille. Elles doivent contribuer à protéger tous les habitants de l’empire à côté des Lares et des Pénates, les divinités domestiques. Si l’introduction du culte impérial n’a, semble-t-il, pas posé de difficulté en Gaule, il n’en a pas été de même en Palestine où les juifs d’abord, les chrétiens ensuite, s’y sont catégoriquement opposés. Une source durable de malentendus et de méfiance envers des populations promptes à se rebeller quand Rome voulait toucher à l’essence du peuple hébreu, son monothéisme.

 

L’empereur romain, un mortel parmi les dieux, jusqu’au 19 septembre au musée de la Romanité, 16 bd des Arènes, Nîmes. Ouvert tlj de 10h à 19h.