La déclaration de foi de l’Alliance évangélique annonce : « Nous croyons à la résurrection de tous : ceux qui sont perdus ressusciteront pour le jugement, ceux qui sont sauvés ressusciteront pour la vie. » La compréhension du jugement qui se trouve derrière cet article est celle d’un tribunal qui passerait en revue nos mauvaises actions, nos infidélités et nos reniements pour aboutir à notre condamnation. Cette conception du jugement est inspirée d’un verset de l’évangile de Jean lu en dehors de son contexte, ce n’est pas la mienne. Je préfère la lecture qu’on trouve dans la première épître aux Corinthiens, qui me semble plus en ligne avec le cœur de la révélation biblique.

Notre vie comme une maison

L’apôtre reprend l’image d’une maison pour symboliser notre vie. Notre demeure est bâtie avec nos œuvres, nos combats, nos réussites et nos échecs. Certaines pierres sont en or et en métal précieux, d’autres en foin et en paille. Le jugement de Dieu est décrit sous la forme d’un feu qui épure : il brûle ce qui n’a pas besoin de demeurer pour ne laisser subsister que ce qui mérite d’être éternisé. S’il existe une éternité quelque part, qui voudrait y entrer avec ses rancunes et ses regrets, ses peurs, ses maux de dents et ses blessures secrètes ? C’est pourquoi dans la tradition chrétienne, l’éternité est précédée par le jugement de Dieu.  

Selon ce texte, le jugement n’est pas la comparution devant un tribunal qui déciderait de notre éternité, mais la façon dont notre vie est présente devant Dieu. Le jugement est une relecture de notre vie à la lumière de l’Évangile. Une lecture qui se fait en Christ, c’est-à-dire dans l’amour et la vérité.

La mémoire et l’oubli

Chez Homère, l’Hadès, le séjour des morts, garde éternellement […]