Par Claude Mourlam, pasteur à Strasbourg, responsable du service d’animation biblique de l’UEPAL.
Comme souvent, c’est à la mort du père que le chaos menace les relations entre les héritiers. Les frères de Joseph en ont bien conscience après le décès de Jacob dont l’aura était aussi synonyme d’autorité (Genèse 50, v. 15) : « Si Joseph allait nous traiter en ennemis et nous rendre tout le mal que nous lui avons causé ! »
Il faut dire qu’ils en ont gros sur le cœur, les Ruben, Siméon, Lévi et tous les autres. Car quelques années plus tôt ils ont dépouillé leur petit frère de sa belle tunique pour la couvrir de sang. Et le subterfuge a fonctionné. Jacob a cru son fils préféré victime d’une bête féroce alors qu’il avait été vendu à des marchands en partance pour l’Égypte. Les péripéties de Joseph lui ont fait connaître ensuite, dans ce nouveau pays, bien des hauts et des bas, des prisons et des palais…
Et puis est venu le temps inattendu des retrouvailles. La résilience avait positivement forgé le caractère de Joseph. L’enfant rejeté était devenu assez fort pour pardonner et ne pas reproduire une attitude symétrique de rejet. Il en était même venu à relire l’histoire de sa famille en la situant sous l’angle de l’action d’un Dieu qui avait prévu cette possibilité d’une fin heureuse (Genèse 45, v. 5) : « Ne soyez pas tourmentés de m’avoir vendu ici, car c’est Dieu qui m’y a envoyé avant vous pour vous conserver la vie » ; ou encore (Genèse 50, v. 20) : « Vous avez voulu me faire du mal, Dieu a voulu en faire du bien : conserver la vie à un peuple nombreux comme cela se réalise aujourd’hui .»
Dieu, tuteur de résilience
Ces paroles de Joseph indiquent que Dieu, présent à ses côtés en toutes circonstances, a pleinement joué le rôle de tuteur de résilience. Au lieu de se terminer dans le bain de sang d’une classique vengeance, l’histoire de cette famille s’ouvre alors sur un avenir serein.
Dans le contexte de cette réelle crise familiale, Joseph est donc en capacité de trouver des paroles sincères de réconfort pour ses frères (Genèse 50, v. 21) : « » Désormais, ne craignez pas, je pourvoirai à votre subsistance et à celle de vos enfants”. Il les réconforta et leur parla cœur à cœur. »
Que retenir au final de cette saga familiale ? Sans doute que le chemin du secours de Dieu peut parfois passer par la relation fragile et incertaine avec un frère autrefois rejeté. Et plus encore que la liberté peut être cherchée auprès de Dieu. Telle a été du moins la voie empruntée par Joseph.