Ouverture
Tous les animaux du monde ont-ils vraiment pu rentrer dans un seul bateau, l’arche construite par Noé ? Comment se fait-il que des fossiles d’animaux disparus se trouvent dans des gangues de pierres ? Dieu aurait-il pu changer d’avis après la Création, en faisant disparaître des animaux jugés imparfaits ?
Ces questions, parmi de nombreuses autres, se posent entre éminents scientifiques et théologiens en Europe, à partir du XVIIIe et surtout du XIXe siècle. Sans oublier les deux plus importantes d’entre elles : la Terre n’est-elle vraiment âgée que de quelques milliers d’années ? L’Homme a-t-il évolué depuis son apparition sur Terre ?
Développement de la science
Longtemps le monde chrétien a refusé de mettre en doute les premiers livres de la Genèse, prenant au pied de la lettre ce qui était écrit. Pourtant, artistes et savants ne se privent pas d’observer et au fil du temps découvrent progressivement l’immensité du vivant. Fascinés par les formes étranges que la nature peut prendre, les artistes cherchent à reproduire animaux et végétaux venant du monde entier, au fur et à mesure des expéditions et découvertes qui font reculer les limites du monde connu.
La découverte des fossiles, identifiés comme tels, est bouleversante : ces créatures désormais disparues sont probablement âgées de plusieurs centaines de milliers – voire de millions – d’années. Toute la science balbutiante en matière de zoologie, d’anthropologie ou de géologie explose et les travaux, qui sont publiés en accéléré tout au long du XIXe siècle, remettent en cause les théories existantes. Les squelettes de dinosaures sont presque aussi troublants que ceux des Hommes primitifs, jusqu’à ce que Darwin lâche la bombe ultime : l’Homme descend du singe ou plutôt d’animaux dont les descendants ont donné les différentes races d’Hommes d’une part, de singes de l’autre. L’Homme, un animal comme les autres ?
Évolution de la théologie
Avec les découvertes et leurs conséquences, les théologiens sont sommés de s’adapter pour ne pas sombrer dans le ridicule. Si une minorité d’entre eux, encore aujourd’hui, sont arc-boutés sur le Créationnisme, l’immense majorité a su évoluer pour faire concilier la science et la religion.
Depuis la Renaissance et la Réforme, les biblistes ont appris à peaufiner les traductions, étudier les textes, travailler sur leurs origines et le contexte de leurs rédactions, bref à faire de l’exégèse, sans renier le principe fondateur de Sola Scriptura.
La Parole a été transmise par des hommes dépendants de leur milieu et de leur époque mais les faits n’empêchent nullement la foi. Nul ne conteste aujourd’hui que les biblistes participent à l’évolution des connaissances.