Si la préoccupation de transmettre l’Évangile est constante dans la vie de l’Église, elle se traduit selon les temps et les circonstances avec des accentuations différentes. La catéchèse, principalement celle des enfants, est un des lieux où ces questionnements sont les plus importants. Aujourd’hui, dans les apprentissages, une grande place est accordée aux jeux. 

Pour parler avec les mots de Maurice Baumann, l’effort pédagogique contemporain ne vise plus la conformité mais l’autonomie créatrice. Cet effort s’organise autour de l’idée d’outiller les jeunes afin de leur donner les compétences et les moyens de construire par eux-mêmes leur vie, leur identité. L’enfant n’est plus une pâte molle, il devient un sujet auquel on donne l’occasion et la possibilité de choisir les valeurs et les convictions qui lui permettront de créer son instrument de navigation, qui ouvrira l’avenir qui s’offre à lui, en la présence du Dieu vivant : Va à la recherche de ton pays, des îles que je te montrerai, avec la foi que je t’ai donnée, le système de navigation qui te permettra de te situer dans ce monde (Genèse 12.1).

Ouverture sur le monde

Gérard Delteil le rappelle : la transmission ne saurait se jouer dans la répétition. Elle appelle cette incessante révision de nos formulations et de nos langages, ce risque de traductions nouvelles où résonne l’Évangile aujourd’hui. Ainsi en est-il de l’utilisation du jeu en catéchèse. Les jeux favorisent les liens au sein d’un groupe et suscitent des échanges. Jouer, c’est admettre les autres tels qu’ils sont, donner à tous les mêmes chances, permettre à certains, moins bavards, de s’exprimer. Ils permettent aussi de découvrir et d’approfondir un texte biblique et d’aborder un thème. Ils ne sont pas tous spécifiquement « religieux », certains abordent des problèmes actuels (la préservation de l’environnement, la gestion de l’eau…) ou invitent à la solidarité (le tiers-monde, les migrations…).

Ainsi, jouer peut donner l’occasion de s’ouvrir au monde, à ses structures parfois bien compliquées pour eux et d’y discerner les situations de justice, de compassion et de réconciliation. C’est une véritable catéchèse existentielle où l’on parle de ce monde-ci et de cette vie-ci, en s’appuyant sur le fait que nous avons tous, enseignants et apprenants, des ressources personnelles et des ressources communes, dont notamment la Bible. À chaque catéchète de faire son choix en fonction de ses objectifs, des attentes et des besoins du groupe dont il a la charge, de l’âge des participants et du temps dont il dispose.

Partage intergénérationnel

Le jeu révèle la personnalité des participants, c’est un véritable défi pour l’adulte catéchète de descendre de son piédestal, de se dévoiler. Celui ou celle qui osera jouer avec ses jeunes aura droit à leur écoute. Ils en retireront souvent plus qu’un long discours et retiendront mieux ce qu’ils ont appris avec plaisir.

L’insistance de notre catéchèse sur la pratique intergénérationnelle peut se réaliser par l’organisation d’un grand jeu aux dimensions de la paroisse. En l’associant au message de l’Évangile, ce sera une expérience enthousiasmante, fraternelle, de collaboration respectueuse de tous. Quel bonheur de se retrouver enfants, jeunes, parents, aînés autour d’un même jeu qui invite à être soi-même, à perdre de son sérieux et de sa rigidité, à se révéler de manière spontanée, à laisser tomber les masques. Vivre cela en vaut la peine.

  • Animations et réflexions « enjeux des jeux » – Médiathèque protestante :

Presse régionale protestante

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