La fraternité est la connaissance intime vécue d’un lien d’une forte solidité et d’une totale assurance qui raccorde une personne à une autre. Certainement, un lien ambigu qui ne doit pas être confondu notamment avec l’amitié ou la solidarité. Il ne doit pas non plus être assimilé au lien naturel qui unit un frère et sa sœur, et surtout pas embrouillé ou amalgamé à une sorte d’intimité familiale.
Cette notion complexe est, par ailleurs, un principe constitutionnel, la troisième composante de la devise de notre République qui a été longtemps contestée et discutée impétueusement par des constitutionnalistes. Mon ami Victor Hugo me rappelait tout récemment « la fraternité n’est qu’une idée humaine ».
En effet, tout au long des temps, bien des « fraternités » se sont rendues nécessaires puis affichées et enfin installées dans nos paysages quotidiens. Par exemple, la grande fraternité syndicale des salariés qui se retrouvent adhérents à l’une des cinq fédérations aux statuts différents de même que leurs revendications, leurs slogans et leurs méthodes d’action. Il s’agit de la défense d’intérêts professionnels par des communautés discordantes formées pour lutter, pour se bagarrer et pour en découdre.
Bien plus ancienne est la fraternité des francs-maçons, membres d’une des nombreuses sociétés secrètes, les obédiences, aux définitions variées selon les valeurs et les rites de chacune d’elles. Encadrés par une hiérarchie solide, assujettis à des rites mystérieux, ces « frères » se consacrent – entre eux – à des études fouillées tout en se défendant de constituer des réseaux influents.
Fort nombreux, dans notre société, sont les associations, les groupes, organismes divers qui se réclament de la fraternité.
Les épîtres de Paul de Tarse traîtant de la vie des communautés auxquelles il rend visite nous éclairent parfaitement cette notion. Aux habitants de la ville de Philippes, aujourd’hui Kavala, « qui est la première ville d’un district de Macédoine, une colonie romaine » il précise : « s’il y a quelque communion d’esprit, s’il y a quelque compassion et quelque miséricorde, rendez ma joie parfaite, ayant un même sentiment, un même amour, une même âme, une même pensée » Ph. 2.1-2.