Par Frédéric Gangloff, pasteur à Haguenau.
Dans la Bible, les périples ne se terminent pas toujours bien pour nos ancêtres errants. Comme dans un road movie, elle nous convie, non pas à enfourcher les motos ou rouler en auto, mais à chausser les sandales !
Alors que le premier couple de l’humanité était sédentarisé dans le jardin sans payer de loyer, son propriétaire décida de les expulser à cause de quelques pépins… Et voici Adam et Ève mis à pieds et bien obligés de se mettre en route sur les chemins de leur vie. Plus tard, Caïn, le premier génocidaire, va être condamné à errer sur les routes. Lorsque qu’Abraham partit pour son voyage sans savoir où il devait aller, sur la simple foi du GPS divin, son voyage mouvementé s’est maintes fois transformé en calvaire. Joseph, qui a réussi à l’étranger, a envoyé une carte postale de l’eldorado à tous ses frères qui, bénéficiant pourtant de la green card, n’ont pas vraiment fait fortune, sauf dans la brique !
Marche dans le désert
Et que dire des enfants d’Israël, marchant dans le désert brûlant à la recherche du « pays où coulent le lait et le miel », avec pour seul régime alimentaire de la manne, des cailles et de l’eau croupie… ? Moïse, quant à lui, est resté sur le « carreau » pour son dernier voyage ! Jonas a carrément fui dans la direction opposée, affrétant un bateau pour couler dans la gueule du Big fish, indisposé, qui l’a vomi ! Et même Jésus, à la première occasion, a quitté sa mère pour courir les routes de Palestine en compagnie d’hommes et de femmes, en annonçant le royaume de Dieu pour finir sur une croix ! Et que penser de Paul, de santé fragile, qui, lors de son entreprise missionnaire, a subi, comme nul autre, les accidents de la route ? Il a failli se noyer plusieurs fois, a souffert de coups de soleil, des intempéries, de terrains accidentés, d’attaques d’animaux dangereux… ?
Voyager, dans la Bible, n’est sûrement pas glamour ni romantique, encore moins un loisir, ni même un plaisir. C’est une entreprise souvent contrainte vu le sacré état des voyageurs s’ils arrivent à destination.
Et pourtant, sans exils, exodes et déplacements, il n’y aurait pas eu de rencontres d’individus, de tribus ou de peuples ! Sans fuites et traversées dangereuses, sans peurs et luttes pour la survie, il n’y aurait pas eu de Bible pour tout nous raconter ! Sans coups de folie et marcheurs courageux : ni évangile, église ou communauté !