Dans mon dernier article, j’ai évoqué la manière diverse dont le Nouveau Testament rendait compte du sens de la croix. Le recours à plusieurs motifs pour expliquer ce qui s’est joué à Golgotha incite le chrétien à s’interroger : faut-il ramener l’ensemble des images à une seule (théo-) logique ? L’un des aspects de la croix gouverne-t-il tous les autres ? L’histoire de la théologie a pu longtemps pencher en ce sens, mais les travaux plus récents des biblistes comme des dogmaticiens nuancent cette pensée. La croix n’est jamais simplement un cas particulier d’une logique intramondaine, qu’elle soit juridique (Jésus comme prenant une « peine légale »), politique (Jésus comme conquérant un pouvoir politique), ou relationnelle (Jésus comme manifestant le plus haut degré de l’amour humain)… Chacune de ces logiques contribue à la compréhension de la croix, mais la mort de Christ reste un événement sui generis, de son propre genre. Sa réduction à une de ces logiques risquerait de perdre l’équilibre biblique, et surtout d’aboutir à des versions assez caricaturales, projetant sur Dieu des fantasmes, que ce soit l’idéalisation mièvre de l’amour non-violent dans sa compréhension contemporaine, ou à l’inverse, la présentation de pulsions vengeresses grimées en justice sacrée.

« La croix n’est jamais simplement un cas particulier d’une logique intramondaine »

Inspiration écossaise…

Comment donc cette mosaïque d’images dispersées dans l’Écriture peut-elle être pensée de façon plus systématique sans  […]