Du rêve de Jacob aux rêves de Pharaon en passant par le cauchemar d’Abimélek, le livre de la Genèse est tout entier traversé par ce que Freud appelait l’«autre scène» de l’onirique. Le rêve y est même si prégnant que certaines narrations prennent l’allure de rêves diurnes qui en prolongent le sens. Comment interpréter la profondeur symbolique de ce constat?

L’essai présenté ici admet les résultats de l’exégèse moderne qui reconnaît aux traditions du cycle de Jacob une antériorité par rapport à celles de la geste d’Abram et Saraï et au roman de Joseph. Ce bouleversement de la chronologie narrative canonique n’est pas un jeu gratuit. Il permet de mettre en évidence le fil jusque alors inaperçu d’une cohérence symbolique qu’à chaque fois le rêve vient éclairer. Car en son ombilic, chaque rêve biblique contient un point d’énigme où se croisent ce que nous ne pouvons élucider de notre inconscient et l’imperceptible retrait du Transcendant. Découvrir et interpréter ce point nodal en s’aidant du midrash et des avancées de la psychanalyse ouvre l’ensemble des narrations de la Genèse à leur «autre scène».

Freud hésitait à interpréter psychanalytiquement des récits de rêve littéraires en l’absence du rêveur seul capable d’associer sur son rêve. Avec La Gradiva, il a franchi le pas, interprétant ces récits en s’appuyant sur la narration qui les entoure. Les narrations du livre de la Genèse permettent la même audace.

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