« Le temps est accompli et le règne de Dieu s’est approché » (Marc 1.15)

Les retranscriptions des premières paroles publiques d’une grande figure sont importantes car elles revêtent souvent un caractère programmatique. Il n’y a donc rien d’anodin à ce que Marc rapporte, au début de son évangile, ce résumé de la prédication de Jésus. Face à une telle déclaration, le lecteur contemporain est en droit de s’interroger. Qu’est-ce que l’évangéliste voulait dire par là ? Et en quoi ces deux propositions (le temps est accompli – le règne de Dieu s’est approché) éclairent-elles le ministère du Christ ?

Un Royaume tant attendu …
Pour bien comprendre la déclaration inaugurale de Jésus, il faut la replacer dans le contexte juif qui sous-tend tout le Nouveau Testament. Par la bouche des prophètes, l’Ancien Testament annonçait le jour du Seigneur (Am 5.18-20 ; Ml 3.2-5), un grand jour de libération et de jugement. De plus, les quatre cents ans séparant la fin de la rédaction des Écritures juives de la venue de Jésus ont connu de grands bouleversements géopolitiques qui ont servi de terreau à une abondante littérature apocalyptique. Ainsi, les Juifs de l’époque de Jésus étaient marqués par de fortes attentes eschatologiques.

Lorsque Jésus débute son ministère public, il commence par indiquer que ce temps d’attente est révolu par cette première proposition : « le temps est accompli ». Par cette formule, Jésus proclame qu’après un temps de silence prolongé, Dieu intervient de façon visible et manifeste dans ce point bien précis de l’histoire. R.T. France relève que « l’utilisation du parfait indique que ce n’est pas l’annonce d’un événement […]