La commission d’éthique protestante évangélique et l’association A Rocha, viennent de publier (chez Excelsis) un petit livret destiné à encourager l’étude en groupe des questions écologiques dans les Églises.
J’ai contribué, parmi d’autres, à ce projet, mais j’en parle d’autant plus librement que sa mise en forme doit peu de chose à mes contributions.
Et je dois dire que ce support est intéressant et stimulant tant sur la forme que sur le fond.
Il est possible (et nécessaire) de discuter de l’écologie dans l’Église
Le constat qui a donné naissance à ce projet est que l’écologie fait partie des questions controversées dont on hésite à parler ouvertement dans beaucoup d’Églises, parce que l’on craint qu’elles suscitent la division. Le pari de ce livret est justement de montrer que ce débat est possible et de proposer une voie pour le rendre possible. En introduction (pages 9 et 10) des conseils généraux pour la discussion de sujets controversés sont, d’ailleurs, proposés.
Débat accessible, donc (je dirai ensuite comment les auteurs proposent de le rendre attrayant, stimulant et transformant), mais aussi plus nécessaire qu’on ne l’imagine souvent. C’est le deuxième point qui est affiché d’entrée : les enjeux écologiques ne concernent pas seulement la doctrine de la création. En fait, en parcourant l’ensemble du livret, on voit que c’est notre conception du prophétisme, de l’action de Dieu dans l’histoire, de l’œuvre du Christ, de l’éthique de vie des chrétiens, du rôle de l’Église, de la fin des temps, etc. qui sont interrogés par les enjeux écologiques d’aujourd’hui. Chaque génération (comme c’est dit page 7) doit relever le défi de vivre, et d’actualiser l’évangile dans le contexte qui est le sien. Et la crise écologique remplit une grande part de notre contexte contemporain.
6 propositions de travail en groupe, associant audio, vidéo et lecture de la Bible
Le livret se tient à distance de deux écueils : soit dire que toutes les opinions se valent, soit dire que rien ne se discute. Il crée la possibilité d’un débat, au travers d’une séquence en six étapes, tout en affichant ouvertement sa préoccupation pour la crise que nous sommes en train de vivre. Et pour nourrir ce débat il use de moyens aujourd’hui à disposition : des QR codes qui donnent accès à des vidéos ou des podcasts. Pour ceux qui craignent les débats académiques et livresques, il y a là des ouvertures qui donnent un tour vivant aux questions évoquées. Et par ailleurs, de nombreux exemples et des situations très pratiques sont proposés.
Au total le pari de rendre possible à la fois une étude de la Bible et une étude du contexte me semble réussi. Reste à voir si des groupes d’étude s’en empareront dans les Églises. Ce serait à eux de dire si on a là un langage, une proposition qui parlent à la génération d’aujourd’hui.
En tout cas je souhaite que beaucoup de groupes l’utilisent. Car il y a dans ce livret autre chose que des prises de positions ou de grandes déclarations. Il y a un outil qui peut permettre à des groupes de se mettre en marche, à leur mesure, mais surtout collectivement, d’arriver à des accords qui soient aussi des accords pratiques. Que devons-nous, que pouvons-nous, que voulons-nous, faire ensemble ? Ce sont là les grandes questions qui, même si elles suscitent tensions et débats, concernent tout un chacun et les Églises en particulier.