La collection « REMEEF » s’enrichit d’un ouvrage pour tous les francophones intéressés par la question de l’articulation entre « évangélisation » et « action sociale ». Le livre ne cherche pas à clore un débat toujours en cours et souvent présent en arrière-fond des débats stratégiques, à la fois dans le monde des missions et plus généralement en ecclésiologie et implantation d’Églises. En bref : faut-il évangéliser ou s’engager pour le bien commun ?
Hannes Wiher retrace tout d’abord l’émergence de la notion de la mission intégrale (MI) qui naît dans le contexte de la mission étudiante en Amérique latine. La MI est définie par René Padilla comme « l’engagement dans le monde, la mission dans la vie politique (incluant la proclamation, le service et l’évangélisation), l’action et la prière au niveau de l’Église locale, la croissance de l’Église et la présence chrétienne » (cité p.20). Hannes Wiher analyse les divergences d’opinions émaillant le monde évangélique au sujet de l’engagement social sous l’angle des visions du monde. Certains théologiens, marqués par les catégories très distinctes de la pensée occidentale (moderne, efficace, analytique) insistent sur les distinctions, alors que le reste du monde adoptant une perspective plus holistique et relationnelle du monde, se montre impatient vis-à-vis de différences trop nettes ou de priorisations trop marquées.
Daniel Hillion offre ensuite un regard aiguisé sur les enjeux philosophiques et conceptuels de la MI. Il insiste sur le fait qu’elle remet au goût du jour l’importance de […]