La Pentecôte est une fête célébrée par tous les chrétiens dans le monde, qui lui accordent pourtant une importance variable. Événement inaugurateur, mais reproductible, pour les uns, appartenant à l’une-fois-pour-toute du salut, pour les autres, la Pentecôte fait débat parmi les évangéliques.

Après l’ascension de Jésus (1.9), survient un événement déroutant pour ceux qui en sont témoins : un bruit et un vent violent remplissent le lieu où sont rassemblés les disciples (2.2) des langues de feu descendent sur eux (2.3), ils se mettent à parler des langues diverses (2.4) et ils sortent parler aux gens dans les rues (2.5). Jérusalem, en ce temps de fête juive, était remplie d’un tas de gens venus de partout, des juifs pieux, mais aussi des païens convertis au judaïsme (prosélytes) venus pour l’occasion. Et chacun entend parler dans sa propre langue des « merveilles de Dieu » (2.11), une formule classique du judaïsme de l’époque pour parler de l’action puissante de Dieu pour sauver son peuple[1]. Devant cet événement étonnant, certains sont admiratifs (2.7), d’autres perplexes (2.12), d’autres encore sceptiques (2.13) : ils doivent être ivres… J’avoue être toujours un peu circonspect, et à vrai dire amusé par la première réfutation que Pierre fait de cette hypothèse (2.15) : « Ivres, nous ? Non, c’est beaucoup trop tôt pour se prendre une cuite ! » Soit !!

Un discours en deux phases

Plus sérieusement, alors qu’on accorde souvent une certaine importance au phénomène du « parler en langues », que ce soit sous l’angle d’un renversement par rapport à la tour de Babel et d’une universalisation du message de Jésus, ou dans la perspective d’une expérience qui serait destinée à tout chrétien, il faut noter que ce n’est pas sur cet élément que se concentre le discours de Pierre qui interprète l’événement. Il renvoie les foules rassemblées à Jérusalem aux promesses de Dieu pour son peuple, voulant montrer qu’elles se […]