En quoi cette lettre écrite il y a près de deux mille ans à un riche propriétaire terrien de Phrygie à propos du sort réservé à un esclave fugitif nous concerne-t-elle? Au premier abord on peut la ramener à n’être qu’un épisode attendrissant et édifiant de la légende dorée paulinienne. Si cependant l’on pousse un peu plus loin l’interrogation, le traitement du cas Onésime peut se lire comme le condensé d’une leçon d’humanité, la recherche d’une nouvelle altérité. Loin des démonstrations doctrinales d’autres épîtres plus longues et de leurs admonestations moralisantes, s’affermit, dans le peu de lignes testamentaires de l’épître à Philémon, une forme de pensée émancipatrice qui ouvre grand une porte de sortie vers le haut.

Jean-Marie Thomasseau est Professeur émérite de l’université Paris 8. Spécialiste de l’histoire des théâtres populaires au XIXe siècle il a conjointement orienté ses recherches vers les particularismes de l’écriture théâtrale. Depuis quelques années, dans le droit fil de ces interrogations sur le sens, le pouvoir et la portée des textes, il cherche à relire autrement les écrits bibliques. Il a notamment publié: Le Mélodrame, Que sais-je? P.U.F., Drame et tragédie, Hachette.

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