L’évangile de Marc le place à la fin du ministère, comme pour y révéler la grandeur du Messie. Mais l’événement intervient aussi juste avant la trahison de Juda, dont il pourrait être la cause.
Certaines histoires déchaînent les passions. Celle de cette femme inconnue qui interrompt le repas de Jésus et de ses disciples a provoqué l’ire des convives et l’étonnement de générations de chrétiens après eux.
La force d’un récit face au choc de l’événement
Sans s’arrêter aux incohérences de la narration, qui permet à tout un chacun d’approcher le cercle restreint des douze, l’énormité du geste est certainement ce qui frappe en premier. À lui seul il contient de quoi révolter les disciples : le parfum versé sur la tête représente le salaire pour nourrir une famille pendant une année.
Les êtres humains aux prises avec la colère transforment parfois leur ressenti en violence, parlant entre eux sans qu’une parole ne soit échangée, pas même ici avec cette femme. Cette absence de parole, systématique dans l’essor de la violence, ne sera rompue que par Jésus.
Car lui calme ses troupes et donne un sens à l’événement en le traduisant en phrases, en narration, en compréhension. Il évoque alors cet embaumement dont son propre corps fera l’objet quelque temps plus tard et dont ce parfum est le premier indice.
Entre onction et embaumement
Deux images se rejoignent ici, d’abord l’onction, cet envoi en mission qui marque les prophètes ou les rois, ensuite les pratiques rituelles exercées sur le corps des défunts importants. En quelques mots, Marc place la scène sur un plan symbolique et forge une compréhension nouvelle pour ceux qui marchent à la suite de […]