Pour entendre la façon dont Paul aborde la question de l’amour, il faut revenir sur ce que nous avons vu à propos de la perversion de la loi. Même si la loi était bonne, ­elle s’est corrompue puisque c’est en obéissant à la loi que l’apôtre a été persécuteur et qu’il a ravagé l’Église.

Comme antidote à la perversion de la loi, Paul inscrit l’amour dans le verset qui dit : « Tous les commandements… se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même… l’amour est donc l’accomplissement de la loi1. » Si l’amour est l’accomplissement de la loi, toute expression de foi qui n’est pas marquée par l’amour, ou qui ne débouche pas sur l’amour, est pervertie. Dans notre relation à la loi et à la morale, l’amour est le critère ultime qui juge de notre attitude.

Habituellement, lorsque nous pensons à l’amour parfait, idéal, nous pensons à des actes de grande générosité qui vont jusqu’au sacrifice de sa personne. Dans l’hymne de l’épître aux Corinthiens, Paul renverse la perspective en disant que si nous étions comme des anges, prêts au plus grand sacrifice au nom d’une foi parfaite, si nous n’avions pas l’amour cela ne servirait de rien. Qu’est-ce que l’amour ? Il est patient… il ne se vante pas serviable… il ne s’enfle pas d’orgueil2 Paul le décrit dans le registre de l’humilité. L’amour ne se dévoile pas dans les grandes choses – donner tous ses biens ou s’offrir en sacrifice – mais dans les petites, la patience et le service du prochain.

L’histoire nous a appris à nous méfier des grandes passions, et nous savons que les hommes qui sont fous de Dieu peuvent être conduits à des actes radicaux, parfois violents, qui sont en tout point contraires à la foi qu’ils professent.

Pour Paul, le vrai amour, c’est l’amour humble qui dure : il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout3. Un tel amour ne fait pas de bruit, il a parfois été appelé l’amour des petites choses. C’est lui qui juge notre vie de foi.

L’amour des ennemis

Quand Paul cite le proverbe : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire4 », il ne parle pas d’éprouver un sentiment d’affection pour son ennemi, mais de lui faire du bien.

Martin Luther King a dit : « Je suis heureux que Jésus n’ait pas dit : Ayez de la sympathie pour vos ennemis, parce… qu’aucune sympathie n’est possible envers quelqu’un qui menace de me tuer. Jésus me rappelle que l’amour est plus grand que la sympathie, c’est une bonne volonté envers tous les hommes. »

1 Rm 13.9-10.

2 1 Co 13.4.

3 1 Co 3.7.

4 Rm 12.20 qui cite Pr 25.21.