Avignon. Une soirée dans une colocation. Nous partageons un repas. Il y a de nouveaux visages. Antoine, vingt-cinq ans, joue de la flûte. Son jeu ravit l’audience. Au repas, nous parlons de nos métiers. Antoine est ingénieur, il travaille dans une centrale nucléaire, qui devient le sujet de discussion de la tablée. Son ami Vincent nous confie qu’en principe, il est contre le nucléaire, mais dans le cas de son ami Antoine, il salue sa réussite professionnelle: « Antoine et moi, nous sommes amis depuis notre enfance », raconte-t-il. « Je connais sa famille. Il a grandi dans une extrême précarité. Ses parents travaillent à l’usine. Souvent, ils n’avaient pas le nécessaire pour vivre.
A l’école, Antoine était moqué et isolé à cause de ses vêtements. Mais ensuite, il a travaillé dur. Il a obtenu une bourse et est entré à l’École d’ingénieurs.» Et comme Vincent approuve mon aversion pour l’énergie nucléaire, il ajoute: «En principe, je suis contre le nucléaire, comme toi. Mais pour Antoine, je fais une exception. Son travail à la centrale lui donne de l’estime de lui-même et de la reconnaissance. Pour la première fois dans sa vie, il se sent mis en valeur. Depuis qu’il travaille à la centrale, il est redevenu social. Aujourd’hui, il accepte les […]