Beaucoup pensent que le travail est une conséquence de la rébellion contre Dieu au début de l’humanité. Il est vrai que le péché a rendu le travail pénible : c’est à la sueur de son front qu’il faut maintenant gagner son pain (Gn 3.17-19). Mais le travail faisait partie de la vocation humaine originelle, dès avant la Chute. Dans Genèse 1, les humains reçoivent l’ordre de dominer la terre : « Soumettez-la et dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre » (Gn 1.28). Les verbes employés expriment l’exercice actif de l’autorité. C’est le contraire du sommeil du paresseux dont parlent les Proverbes. Dans Genèse 2, le paradis n’est ni la forêt vierge ni le pays de cocagne. Dès l’origine, l’homme est un être de civilisation qui façonne son environnement et lui imprime sa marque. Si les éléments nécessaires sont déjà en place (le sol cultivable et l’eau), ils ne produisent des fruits qu’au prix de la culture.
L’homme, image de Dieu qui travaille
Pourquoi Dieu a-t-il créé le monde de telle sorte que nous devons travailler pour nous nourrir ? La réponse est certainement à chercher dans la dignité de l’homme d’être en image de Dieu : en travaillant, l’homme imite son Créateur. Par le règne que l’homme exerce sur la création non-humaine, il est le représentant de Dieu sur la terre, appelé à imiter la créativité et le soin exercés par le Seigneur. Il est significatif que le terme « profession » désigne, en français, à la fois la déclaration publique de sa foi et le métier que l’on exerce. Loin d’être un simple pis-aller pour subvenir à ses besoins matériels, le travail fait partie de la bénédiction que le Créateur accorde à l’humanité ― bénédiction qui est à la fois mission et privilège. […]