Nous venons de traverser la saison du Carême pour entrer dans celle de Pâques qui s’étend jusqu’à Pentecôte. On peut bien avoir l’impression de passer d’un récit entièrement masculin à un récit plutôt féminin. Celui de la Passion du Christ semble parler surtout de masculinités toxiques qui conspirent pour mener à bien un complot de meurtre, tandis que dans celui de la résurrection des femmes montent tout d’un coup sur scène pour témoigner du tombeau vide.
La situation est pourtant bien plus nuancée. Déjà dans le récit de la Passion, d’autres personnages masculins font partie d’un contre-récit lumineux qui se révèle dans les moments les plus sombres du drame. Simon de Cyrène porte la croix de Jésus (Mt 27 : 32) ; le centurion confesse la vraie identité de Jésus (Mt 27 : 54) ; Joseph d’Arimathée fait ensevelir avec dignité le corps de Jésus (Mt 27 : 57).
En même temps, les femmes n’attendent pas la résurrection pour monter sur scène. Elles jouent un rôle essentiel dans ce contre-récit.
Si, traditionnellement, elles sont beaucoup moins connues et célébrées que les hommes tels que Simon de Cyrène, leur témoignage n’en est pas moins important. Dans cet article, je m’intéresserai à l’évangile de Matthieu, pour mieux comprendre la manière dont ces personnages féminins participent au contre-récit en s’opposant aux mensonges et en communiquant fidèlement la […]