« Souffrances », « détresses », « peine », voici trois mots qui n’aideront certainement pas à résoudre la fameuse « crise de la vocation ». Ce sont les mots que l’apôtre choisit dans sa lettre aux Colossiens pour décrire ce qu’il vit (Col 1.24-29). Bon… j’avoue avoir un peu noirci le tableau. En fait, il évoque des souffrances, mais en même temps il écrit « je me réjouis » (1.24) ; il mentionne des détresses mais, en même temps, il parle « d’annoncer la Parole jusqu’à sa plénitude » (1.25) – c’est-à-dire que la Parole soit proclamée sans qu’il ne manque rien – et d’amener tout humain « à l’état d’adulte » (1.29) – autrement dit, à un état où il ne lui manque rien en Christ. Il ne cache rien de la peine qu’il se donne, mais il fait, jour après jour, le même constat : « combattant par son action qui, avec puissance, est à l’œuvre en moi ». (1.29) Et au beau milieu de ce passage, l’apôtre s’écrie : « Christ en vous, l’espérance de la gloire ». (1.27)
Certains diront probablement que l’apôtre a mené une existence tout en tension. Certainement. Mais son existence était surtout tendue vers Christ. D’où lui venait donc une telle force, celle de ses mots, celle qui se traduisait par sa détermination ? Lui venait-elle d’un trait de caractère ? Était-ce de l’optimisme ? N’était-ce rien d’autre qu’une tournure d’esprit qui le disposait à prendre les choses du bon côté, en négligeant leurs aspects fâcheux ? En parlant d’aspects fâcheux, il les a éprouvés dans sa chair, et à bien des reprises. Non ! Il ne les a ni cachés ni négligés ! Non ! Ce n’était pas juste une tournure d’esprit ! Non ! Paul n’était pas un candide optimiste : « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » !
Mais alors, d’où lui venait donc sa force ? Elle lui venait de ce qu’il savait désormais concernant Jésus, le Christ : « Christ en vous, l’espérance de la gloire ». Cette affirmation est si condensée qu’on en pressent la densité sans être certain d’en pouvoir tout bien mesurer. À vrai dire, ce cri ne surgit pas à n’importe quel moment de la lettre. Ce que condense cette affirmation, c’est l’hymne qui l’a précédée en Colossiens 1.15-20, un hymne qui manifeste une perception très claire de […]