La bénédiction que je vis dimanche après dimanche est la manifestation concrète – par le geste et la parole – de la puissance de la grâce de Dieu.
Puissance créatrice car, en mettant ma vie en perspective à travers le regard bienveillant de Dieu, la bénédiction me rappelle ainsi la valeur inestimable de cette vie offerte, en particulier quand je suis tenté de l’oublier moi-même.
Si la bénédiction fait du bien par la parole prononcée, comme le rappelle son étymologie latine bene dicere, elle ne se limite cependant pas aux mots car elle est aussi un geste agissant. J’aime en effet rappeler l’étymologie du mot bénédiction en hébreu : baraka qui signifie « ployer le genou » et qu’on retrouve dans le verbe français baraquer, évoquant l’attitude de celui ou celle qui reçoit avec humilité non seulement une parole qui fait du bien mais qui va aussi dans le même mouvement relever, remettre debout en lui-même et donc mettre en route celui qui l’accepte.
La bénédiction est ainsi parole performative en ce sens qu’elle produit ce qu’elle énonce : donnée et reçue, elle s’enracine certes dans la tradition biblique mais la déborde aussi largement en faisant irruption dans l’aujourd’hui de ma vie pour l’illuminer.
Les vœux en tous genres que nous nous souhaitons à chaque début d’année me font penser qu’il y a chez nos contemporains un réel désir de se souhaiter du bon et du bien, de se bénir en fait les uns les autres, car ils savent que cela contribue à créer du lien dont nous avons tant besoin.
La bénédiction trouve ainsi largement sa légitimité en nous rappelant que le projet de Dieu pour ses créatures est une célébration de la vie, un projet auquel nous sommes appelés à participer pleinement en agissant à notre tour, bénis.