L’Occident a connu bien des crises sanitaires : les pestes, le choléra, la tuberculose, les grippes, la variole, le VIH…. David HAMIDOVIC se demande si les réactions des populations contemporaines confrontées au dernier coronavirus, sont différentes de celles observées autrefois, l’avènement de la raison et la déchristianisation conduisant logiquement les occidentaux à écarter toute vision chrétienne du monde.
Pourtant, à mots couverts, il n’en est rien : sont toujours invoquées les plaies d’Égypte et les références à une emprise maléfique du monde. David HAMIDOVIC évoque donc l’existence d’un imaginaire de l’épidémie fondé sur un imaginaire judéo-chrétien , aux racines lointaines, façonné par les plaies d’Égypte et les lois juives sur les impuretés.
L’auteur consacre donc la première partie de son ouvrage aux plaies d’Égypte considérées comme la matrice de l’imaginaire antique de la crise sanitaire, et la seconde partie à la scrutation de l’impureté et à la chasse au démon vues comme les prémices d’une gestion moderne de la crise sanitaire.
Le lecteur retrouve alors le spécialiste de l’histoire du judaïsme dans l’Antiquité, de la culture biblique et des écrits apocryphes juifs :
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David HAMIDOVIC contextualise, puis analyse et compare les trois récits bibliques des plaies d’Égypte (livre de l’Exode, Psaumes 78 et 105). Il s’attache à l’influence des milieux rédacteurs, en particulier le milieu sacerdotal.
L’idée de la colère divine est présente : sur les Israélites d’abord, en l’absence de sacrifices à Dieu, puis sur Pharaon et les Égyptiens ensuite, en cas de refus de laisser partir les Israélites. Mais les textes entendent surtout affirmer la supériorité du Dieu d’Israël sur les autres dieux, la place unique de Dieu dans les polythéismes du Proche Orient ancien et dans l’Histoire.
L’auteur montre comment l’imaginaire biblique se met en place avec la violence de Dieu comme toile de fond, les catastrophes naturelles et sanitaires perçues comme punitions de Dieu, les peurs qui en découlent….
L’institutionnalisation de la Pâque, commémoration de la sortie d’Égypte du peuple hébreu, fait entrer les plaies d’Égypte dans la culture juive.
Dès lors le motif des plaies d’Égypte s’enracine et s’enrichit de nouvelles réflexions théologiques. David HAMIDOVIC commente plusieurs écrits juifs, apocryphes ou philosophiques, avant de montrer comment d’autres milieux s’emparent de la tradition des plaies d’Égypte au tournant de l’ère chrétienne. […]