« Voilà une formule bien catholique que nous ne pouvons pas employer », pensons-nous… Mais d’où vient cette formule ? Que signifie-t-elle ? Et donne-t-elle à Marie un statut que seuls les catholiques peuvent accepter ? Disons-le d’emblée, la réponse est non. Mais il faut expliquer pourquoi.
D’où vient l’expression ?
Elle remonte au moins au IVe siècle (après Jésus-Christ, mais faut-il le préciser ?) et est utilisée dans un contexte de controverse théologique autour de l’identité du Christ. En 325, le concile œcuménique de Nicée a posé les fondements d’une juste compréhension de la relation entre le Fils et le Père (voir le symbole de Nicée). Mais après cela, les débats théologiques continuent pour savoir maintenant comment le Fils peut-il à la fois être « vrai Dieu de vrai Dieu » et s’être « fait homme ». Comment le divin et l’humain s’unissent-ils en Christ ?
C’est dans le contexte de ces débats que l’expression « mère de Dieu », déjà largement répandue à cette époque, est défendue par les uns, critiquée par les autres. On perçoit donc bien que l’enjeu de la formule qui nous intéresse ici n’est pas tant l’identité de Marie que celle du Christ.
Le grand pourfendeur du titre marial « mère de Dieu » est d’ailleurs Nestorius (c. 381-451), le fondateur du nestorianisme. Dans une prédication, il refuse le terme grec « théotokos », qu’on traduit « mère de Dieu », notamment à partir de Hébreux 7.3 : « Il est sans père, sans mère, sans généalogie ». En fait, Nestorius confesse les deux natures du Christ (divine et humaine), mais il a du mal à penser l’unité de ces deux natures en une seule personne. Dans sa controverse épistolaire avec Cyrille, patriarche d’Alexandrie, il ira même jusqu’à écrire : « il est évident que le Fils de David [et donc le Fils de Marie] n’était pas le Logos divin ».
Le concile d’Éphèse de 431 condamne le nestorianisme et dépose Nestorius de ses fonctions ecclésiales. La dernière lettre de Cyrille à Nestorius est jointe aux […]