Le lecteur s’étonne de cette répétition et comprend que le narrateur utilise cette redondance pour nous introduire à l’enjeu majeur de l’histoire de vie de Saraï : « Saraï est stérile, il n’y a pas pour elle d’enfant[1] ». Abram rompt avec la coutume en prenant femme en dehors du clan familial, Saraï. Et Saraï est justement celle qui vient douloureusement interrompre une succession de vingt-sept répétitions de la tournure verbale « il engendra », ayant toutes pour sujet les ascendants d’Abram. Avec elle, l’histoire prend une tournure différente, elle se suspend… Y aura-t-il par elle un « Et Abram engendra… » ?

Dix années où rien ne change, Saraï prend les choses en main (Gn 16)

La stérilité se fait pesante et Saraï va mettre en œuvre un stratagème pour espérer pallier cette impuissance. Ce stratagème présente une étrange ressemblance avec celui mis en place par Abram auparavant. En Gn 12, Abram utilisait sa femme comme bouclier humain pour assurer sa propre protection. Nous avons ici une inversion des rôles. C’est désormais Saraï qui va se jouer de son mari Abram pour assurer la satisfaction de son propre désir d’enfant en espérant gagner la maternité par le moyen d’une mère porteuse.

Nous avons ici une inversion des rôles.

Genèse 16.2-5 (TOB) :

ʺ Et Saraï dit à Abram : « Voici que le Seigneur m’a empêchée d’enfanter. Va donc vers ma servante, peut-être que par elle j’aurai un […]