Il ne s’agit pas, en Église, de vouloir faire comme les autres. Les questions écologiques sont souvent techniques et les solutions proposées peuvent être très matérielles. En matière d’écologie, la spécificité des chrétiens est d’être témoin de la présence de l’Esprit du Dieu vivant dans ce monde. Par exemple, la notion d’écospiritualité s’avère particulièrement pertinente. Il s’agit de comprendre qu’écologie et spiritualité forment un tout parce que nous sommes avec la planète Terre dans une communion d’être, de vie et de destin.

Penser la justice climatique et sociale

Je suis reconnaissant que l’intitulé de mon poste comporte le terme de « justice » car les questions climatiques actuelles et futures sont le résultat de l’injustice avec laquelle nous traitons collectivement notre planète depuis trop longtemps. Il s’agit d’apprendre un nouveau mode de relation à la planète Terre car notre cupidité et notre voracité sont en train d’y détruire les conditions d’habitabilité. Il est fondamental de penser, en même temps, les questions de justice climatique et celles de justice sociale.

D’autant plus que le dérèglement climatique et les inégalités sociales vont provoquer, à court terme, de très grands mouvements migratoires. Ce n’est pas un hasard si les problèmes climatiques que nous commençons à vivre surviennent dans une société mondialisée où la répartition des richesses n’a jamais été si problématique.

Les chrétiens appelés à agir en donnant du sens

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à une prise de conscience, suivre un chemin de conversion et promouvoir une approche spirituelle de l’écologie. Les mouvements écologiques sont parfois en quête de sens quant à leur militance.

Ils attendent les chrétiens dans cet espace militant il s’agit pour les chrétiens de donner l’exemple de quelque chose qui surprend, qui décale, qui est profondément lié au sens (la présence de l’Esprit du Dieu vivant dans ce monde). Selon l’adage du théologien protestant Jacques Ellul, « penser global et agir local», l’intention est d’être présent sur le terrain local en étant porteur d’un sens à la fois spécifique et universel (l’Esprit). Une présence qui n’oublie pas la prière et qui peut prendre la forme de temps liturgiques, offerts à tous.

C’est un appel à être inventif, localement, avec respect et responsabilité. Il est primordial d’accompagner cette parole de facon concrète avec des formations sur le thème de la foi et de l’écologie pour nous permettre, en particulier, face à l’enlaidissement du monde, de retrouver notre capacité d’émerveillement des beautés de la nature. 

La justice climatique, c’est (aussi) l’affaire des jeunes !

Ici et partout à travers le monde, chaque vendredi, des jeunes sont dans les rues et manifestent pacifiquement pour le climat et leur avenir. Ces « grèves scolaires » servent-elles à quelque chose ?

« Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Si nous ne faisons rien, nous n’aurons pas d’avenir, il faut agir! >> Voilà le slogan lancé à travers le monde par de nombreux jeunes chaque vendredi, depuis l’appel de leur conscur étudiante : Greta Thunberg. Devant l’impuissance et l’indifférence des politiques, et des adultes en général, la jeunesse préoccupée par son avenir s’exprime avec les moyens qui sont les siens : des manifestations, des campagnes de sensibilisation et de la désobéissance civile.

Cela fait des mois que cette force collective d’élèves et d’étudiants a soufflé sur le voile qui cachait une situation catastrophique et qui le deviendra encore plus si rien n’est fait. Malgré cela, pour ces jeunes, il y a encore trop de monde que l’urgence écologique n’intéresse pas. Ils ne cherchent pas une excuse pour sécher les cours du vendredi, ce qu’ils veulent, c’est être entendus. Et ce que nous entendons, c’est le cri d’une génération qu’on veut silencieuse, mais qui devra subir les conséquences désastreuses de décisions prises par des adultes avant eux et depuis des décennies. De vendredi en vendredi, les foules grossissent parce que les jeunes ne veulent pas de l’héritage nocif que leur laisse leurs parents. Ce qu’ils veulent, c’est que leurs parents les rejoignent enfin. 

Victor Ludwig, étudiant en théologie – stagiaire à la rédaction du Nouveau Messager