Celui que le général de Gaulle considérait comme son seul rival a 90 ans depuis le 10 janvier dernier. Soucieux de défendre le bien contre le mal, Tintin et son fidèle chien blanc sont à jamais fixés dans leur jeunesse. Plus de deux cent trente millions d’albums vendus, des traductions dans toutes les langues, des milliers de pages d’exégèses – depuis la sociologie jusqu’à la psychanalyse en passant par la géopolitique –, on peut dire que les aventures du jeune reporter constituent le premier monument mondial de la bande dessinée.
À l’origine, Georges Remi, alias Hergé, ne songeait qu’à distraire les lecteurs du Petit Vingtième, supplément destiné à la jeunesse de l’hebdomadaire catholique Le Vingtième Siècle. Mais le succès, considérable, immédiat, l’a vite convaincu que son personnage avait vocation à séduire la terre entière.
Après avoir envoyé Tintin chez les soviets puis au Congo, deux épopées durant lesquelles anticommunisme et colonialisme s’exprimaient sans vergogne, Hergé prit le parti du grand large, offrant des aventures extraordinaires dans des contrées lointaines : l’Amérique, l’Asie, la course au trésor, la conquête de la lune. On ne retracera pas ici la richesse de ce corpus exceptionnel – les vingt pages de notre hebdomadaire n’y suffiraient pas. Plus modestement, nous proposerons d’en repérer […]