Le prédicateur brandit sa bonne vieille Bible Louis Segond et clame à son auditoire : « C’est sur la Parole de Dieu que je tiens dans ma main que je fonde ma foi ! » Que penser de son affirmation ? Une version de la Bible est-elle la Parole de Dieu ? Sinon, doit-on seulement la lire en hébreu, en araméen et en grec ? Telle traduction est-elle la seule « bonne », comme le prétendent certains chrétiens ?
Je nous propose ici quelques pistes de réponses à ces questions.
Traduire la Bible est une démarche légitime
Le meilleur témoignage en faveur de la traduction de l’Écriture… est l’Écriture elle-même.
Ainsi le Nouveau Testament est-il rédigé en grec, lingua franca de l’Empire Romain, pour que le message de l’Évangile touche le plus grand nombre de personnes. Ses auteurs y traduisent leurs citations de la Bible hébraïque en grec. Auparavant, dès le 2e s. av. J.-C., les Juifs du monde hellénique ont traduit l’Ancien Testament hébreu en grec, aboutissant à plusieurs versions : cette démarche a été en quelque sorte validée par les auteurs du Nouveau Testament, qui reprennent souvent une de ces versions rassemblées sous le nom de « Bible des Septante ».
Jésus, lors de sa crucifixion, cite le Psaume 22 en araméen (Mt 27.46 et Mc 15.34), validant la traduction de l’hébreu […]