Le psaume 104, par exemple, est une vaste fresque dans laquelle l’homme ne fait que de brèves apparitions. « Au lever du soleil, les bêtes se retirent dans leurs tanières et l’homme va à son travail et à ses cultures jusqu’au soir » (Ps 104.22-23). On ne nous en dit guère plus. La quasi-totalité du psaume décrit le monde créé, et le monde animal en particulier, d’une manière décentrée par rapport à l’homme. La mer, les montagnes et les animaux ont leur propre vie et Dieu s’occupe d’eux tout comme il s’occupe de l’homme (cf. v. 27-30).
Et il existe un grand texte sur la création qui passe inaperçu, car il nous surprend et nous déroute : la réponse de Dieu à Job (Jb 38-41). Or il s’agit d’un texte décisif qui tourne complètement le dos à l’idée d’une maîtrise de l’homme sur la création et sur le monde animal en particulier.
Job et le deuil de la maîtrise sur les êtres
Au départ, j’ai lu, comme beaucoup d’autres, le livre de Job comme traitant de l’énigme du « juste souffrant ». Quand je le lis et relis, au fil des années, un thème, apparemment secondaire, prend de plus en plus d’importance, à mes yeux : celui de la perte de maîtrise sur la nature, sur les autres et, de la même manière, sur les animaux. Il est possible que j’y sois de plus en plus sensible du fait qu’il est de plus en plus évident que […]