« Et le Verbe s’est fait chair… » (Jn 1.14) : ces mots sonnent-ils comme une mélodie bien connue à laquelle nous sommes habitués… et qui n’aurait rien de bien particulier à dire à cette époque troublée que nous vivons ? Ou bien provoquent-ils notre silence et notre agenouillement tant ils sont porteurs d’audace et de nouveauté inimaginables pour les croyants que nous sommes ?
Un évènement bouleversant
Silence et agenouillement devant l’inouï : plusieurs traditions chrétiennes l’expriment concrètement durant leur célébration du culte dominical, en particulier pendant l’Avent et le temps de Noël. En effet, après avoir confessé que « pour nous les hommes et pour notre salut, [Jésus-Christ] descendit du ciel. Par l’Esprit-Saint, il prit chair de la Vierge Marie et s’est fait homme »¹, suit alors un temps de silence, voire d’agenouillement, où tout s’interrompt brièvement… Il semble bien qu’il faille un peu de temps pour accueillir une telle affirmation ! Et que celle-ci ne reste pas sans effet, puisqu’elle provoque adoration et louange. Quel est donc cet inouï que l’Évangile de Jean nous transmet ?
L’un de nous
« Incarnation » signifie « entrée dans la chair ». C’est à dessein que l’évangéliste écrit « Il s’est fait chair » (en grec : sarx), et non pas « corps » ou « humain ». « Chair » ici désigne notre humanité dans tout ce qu’elle a de plus matériel, physique, « basique ». Or, Jean associe cette réalité de la chair au « Verbe » ou […]