L’été est une saison qui appelle à la sensorialité…
Manger une pêche dont le jus coule entre les doigts, marcher pieds nus sur le gravier en grimaçant, lire une BD, sentir l’odeur de la pluie sur la terre desséchée, frissonner sous le vent du soir, suivre les étoiles filantes, suçoter un glaçon, voir s’effacer l’empreinte mouillée de ses pas au soleil, compter les secondes qui séparent l’éclair du tonnerre, regarder boire les hirondelles à la surface de l’eau, bâiller sans s’en rendre compte, se lover dans un hamac, rire de bon cœur, laisser ses jambes pendre dans le vide, entendre Mozart dans une église corse…
Ecouter les cigales, froisser de la menthe entre ses doigts, voir se lever le soleil, sentir la cire des bougies qui se consument, embrasser fougueusement, perdre sa serviette, se réciter des poèmes, s’endormir à l’ombre, souffler sur une coccinelle pour qu’elle s’envole, écouter crépiter un feu de bois, faire un bouquet de fleurs sauvages, sentir ses cheveux mouillés dégouliner le long de son dos, boire de l’eau de coco, faire des ricochets…
Prendre un bain de minuit, déguster une glace, réciter des psaumes, gribouiller des petits dessins sur une nappe en papier, contempler la pleine lune, sentir craquer les grains de raisins sous ses dents, caresser des vieilles pierres recouvertes de mousse, s’émerveiller devant la beauté de la Création, chanter à tue-tête dans la voiture, réussir à faire un feu, deviner le ciel entre les feuilles des arbres, plonger dans l’eau fraîche, contempler le paysage les yeux mi-clos, découper une mangue, soupirer d’aise, interpréter la forme des nuages, mâchouiller de l’herbe…
Soupeser un melon, essayer des chapeaux, garder un brin de lavande dans sa poche, rouler sur un sentier défoncé, faire griller des poivrons, caresser un chat, fredonner des cantiques dans le silence, lire un polar, relever ses cheveux lorsqu’il fait chaud, dormir dans des draps blancs, marcher sous la pluie chaude, sentir son cœur battre à tout rompre, regarder un bateau s’éloigner, écouter ses pas crisser sur le sol, empiler des galets, pétrir une pâte à tarte, déchirer du tissu…
Sentir le sel sur ses lèvres, regarder dormir celui qu’on aime, entendre claquer des drapeaux sous le vent, se balancer à perdre haleine, respirer de la fleur d’oranger, se brûler en soulevant une théière, manger du nougat aux amandes, nager sous l’eau, choisir des épices au marché, marcher dans une ruelle fraîche, faire des confitures, siffler pour se donner du courage, se laver avec du savon de Marseille, s’asseoir dans le calme d’un cloître, regarder une araignée tisser sa toile, poser sa tête sur un coussin, enjamber une clôture, rafraîchir ses pieds dans un torrent de montagne…
Dormir à la belle étoile, appuyer son dos contre un chêne, lire des contes, s’asseoir sur un banc de pierre, remettre une écharpe sur ses épaules, écarter une mèche de cheveux, lécher ses doigts pleins de miel, sauter dans les vagues, écrire sur du papier à carreaux, marcher sur un ponton de bois, dessiner des volutes sur le sable, sentir l’odeur du café grillé, verser de l’huile d’amande douce au creux de sa main, déchiffrer une date en chiffres romains au-dessus d’une vieille porte, retirer un pull qui gratte, voir défiler les paysages à la vitre d’un train, étaler de la peinture, lire sous une glycine, sentir les grains de sable entre ses orteils…
A vous d’ajouter les vôtres…
*Françoise Héritier, Le Sel de la vie, Odile Jacob, 2017.