Faut-il faire un CV original  ? Doit-on encore postuler par courrier  ? Que mettre en avant au cours d’un entretien  ? Réponses avec Shirley Almosni-Chiche, responsable de recrutement, passionnée par son métier et par l’échange qui se crée lors d’entretiens entre candidats et recruteur.

Un métier sur lequel elle a tellement de recul et d’idées qu’elle en a tiré un ouvrage, écrit d’une plume alerte : « Les joies du recruteur »*. « Comme un super-CV », confie-t-elle. De ces 10 années passées à chercher le candidat idéal, elle nous délivre cinq conseils lorsqu’on est en recherche active – que l’on soit encore en poste ou demandeur d’emploi.

1 – Construire un CV qui met en avant les compétences
« Il ne faut pas oublier qu’auparavant le CV était avant tout considéré comme un outil qui servait d’abord au recruteur pour faire le tri parmi les candidatures, en s’appuyant sur des mots-clefs attendus. », confie la jeune recruteuse. Pour la présentation du CV en lui-même, deux écoles s’affrontent  : celle du CV au format français (il présente une chronologie des expériences et postes occupés, du plus récent au plus ancien) et le format dit québécois, qui met en avant les compétences acquises. Or aujourd’hui les salariés bougent davantage et un candidat peut avoir multiplié les postes, ce qui sature rapidement son CV s’il est chronologique. « Aujourd’hui on recrute les bonnes personnes au bon endroit, plutôt que de s’appuyer sur des mots-clefs ». L’idéal  : un CV avec regroupement de compétences, qui valorise davantage que plusieurs petites expériences. Il synthétise le passé mais il projette aussi ce à quoi le candidat aspire, presque comme un plan de carrière.
L’originalité dans la forme peut-elle payer ? « Oui, si elle est bien adaptée au secteur dans lequel on postule ». L’orthographe reste importante : « Le respect de la langue, c’est un respect de l’interlocuteur, et de soi-même. Cela montre un effort de soin. Et dans le domaine du codage, les inexactitudes d’écriture sont des sources d’erreur, comme en Français. ». Pensez à vous faire relire !
On vous conseille d’envoyer votre candidature par mail ? Faites-le, mais expédiez-la également par courrier. Une habitude qui s’est perdue mais qui peut vous démarquer – et rien n’interdit de soigner le papier que l’on utilise !

2 – Parler de soi
« Au-delà d’un professionnel, on recrute aussi un individu avec ses particularités, ses passions et des compétences annexes qui peuvent faire la différence. On recrute aussi un « package ». Il ne faut pas hésiter à montrer ce que l’on a fait d’intéressant, à titre personnel. »  Donc, on expose intelligemment les passions, activités associatives ou sportives qui valorisent : fonction de trésorier, poste d’entraîneur, titre sportif, exploit personnel… Pensez à vos années de scoutisme ! Cela permet également de mettre en avant des valeurs humaines : l’engagement, la persévérance, l’esprit de compétition, l’autonomie, l’esprit d’équipe…
Pendant un entretien, plus on est naturel et plus cela fonctionne. « Le recruteur n’est pas là pour descendre le candidat, mais pour le connaître. » On évite de mentir car, si cela passe sur l’instant, le mensonge peut nuire par la suite. Il en va de sa réputation et de sa crédibilité, surtout dans certains milieux professionnels où les informations circulent très vite.

3 – Se projeter
« Le CV est à la fois une photographie et une projection. Il est intéressant de mettre en avant ce que l’on veut et peut encore apprendre ». Pour Shirley Almosni-Chiche, ne pas avoir toutes les compétences requises pour un poste n’est pas un obstacle. « Les recruteurs savent bien qu’aucun candidat n’a toutes les qualités exigées dans la description de poste. D’ailleurs les entreprises posent sciemment beaucoup de filtres. En revanche, on peut tout à fait expliquer comment on compte acquérir celles qui manquent – ou monter rapidement en compétence : formation, MOOC, e-learning… Cela prouve que le candidat est dynamique et adaptable ». A ce stade, il peut être intéressant de se faire aider par un tiers, pour avoir un regard extérieur. Et répondre à ces questions : Qu’est-ce que je maîtrise ? Qu’est-ce que j’ai envie de faire ? Qu’est-ce que je peux apporter à l’entreprise ?

4 – Sourcer
Pour Shirley Almosni-Chiche, c’est l’élément le plus important. « Il faut être proactif et aller chercher des informations, se renseigner sur l’entreprise, sur le secteur ». Il existe aujourd’hui des sites qui aident à se faire une opinion sur une entreprise qui recrute, comme Glassdoor, qui évalue la réputation des entreprises par leurs salariés actuels ou les anciens. Cela aide à se faire une idée de ce à quoi on peut s’attendre avant une candidature ou un entretien – en termes d’ambiance, de management ou même de rémunération. Quand on souhaite postuler spontanément, il faut bien connaître le milieu dans lequel on évolue, repérer les entreprises qui sont susceptibles d’offrir des débouchés et remanier son CV en conséquence.

5 – Réseauter
Identifier une entreprise, c’est bien mais trouver le bon interlocuteur, c’est mieux ! Les réseaux sociaux sont une mine pour cela. En suivant des comptes d’entreprise ou personnels sur LinkedIn ou Twitter, on accède rapidement à des informations ciblées. On peut aussi mettre en place une veille thématique sur les sujets qui intéressent, et repérer les experts dans ces domaines, voire interagir avec eux. Un exemple concret ? Vous êtes informaticien et une entreprise vous intéresse particulièrement ? Shirley Almosni-Chiche conseille : « Même si vous n’êtes pas (ou pas encore) en recherche active, suivez ceux de ses collaborateurs informaticiens comme vous qui sont sur les réseaux sociaux, réagissez régulièrement et positivement à ce qu’ils postent, créez une proximité… Rien ne vous empêche ensuite de contacter l’interlocuteur en question pour un avis, un conseil, un échange…ou plus ! »

* « Les joies du recruteur », Ed. Edilivre, 2017

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