Bravo pour votre passage en CE1 ou CM2 mais avouons-le : vous avez rempilé pour dix mois !
Depuis une circulaire ministérielle de 1956, les devoirs à la maison sont en principe interdits. Dans la pratique, ils sont pourtant indissociables de la vie du jeune écolier et rythment sa journée de travail – qui ne s’achève que dans la soirée. Les devoirs à la maison peuvent rapidement devenir un sujet d’affrontements entre parents et enfants – quand ils ne sont pas un motif de dispute dans le couple. Avant que tout le monde ne monte en pression, instaurez dès maintenant une organisation pour les devoirs, aussi paisible pour les petits que pour les grands. On vous donne cinq conseils qui ont fait leurs preuves.
1 – Laissez-les d’abord respirer !
Que vous-même ou la nounou fassiez un détour par le parc – où qu’ils rentrent directement à la maison, laissez aux enfants un temps pour évacuer la nervosité et les tensions de la journée. Goûter (indispensable !), jeu, ballon, trottinette, dessin, briques… chacun se lâche en fonction de ce qu’il aime et au moins pendant 45 minutes à une heure. Il ne s’agit pas de s’adonner à une énième activité planifiée (piano, tennis…) mais de se laisser aller dans ce qui fait plaisir – même si ce plaisir est de ne rien faire, allongé sur son lit. Les devoirs n’arrivent qu’ensuite.
2 – Fixez le temps que vous allez consacrer aux devoirs
Le temps « raisonnable » doit tenir compte de l’âge de l’écolier – et pas seulement du volume de ce qui est à faire. En CP/CE1 les devoirs ne devraient pas prendre plus de 10 à 15 minutes, 20 à 25 mn en CE2/CM1 – et au maximum 35 mn en CM2/6ème. Oui, me direz-vous, mais tous les enseignants ne fonctionnent pas comme cela… Certes.
Si les devoirs vous paraissent anormalement longs, parlez-en avec d’autres parents et vos représentants de parents d’élève pour aborder sereinement la question avec l’enseignant.
Définir à l’avance le temps que cela va prendre est rassurant car votre enfant va avoir conscience que vous n’avez pas l’intention d’y passer toute la soirée. Toute votre stratégie var consister à rendre ce temps aussi efficace que possible, pour que les devoirs ne s’éternisent pas, rendant les choses encore plus pénibles.
3 – Aidez-le à remobiliser son attention
Je vous conseille de limiter, dès le départ, les sources de distraction. Installez-vous dans un endroit relativement calme. La télévision ou le téléphone à proximité ne favoriseront jamais la concentration. Il lui tarde de retrouver sa console et ses jeux ou ses mangas ? Soyez clair : plus on va vite pour travailler et plus vite on joue. Autant ne pas perdre de temps !
Dégagez un espace de travail et demandez-lui de réunir d’abord tout le matériel dont il a besoin (trousse, cahiers, livres…). Il faut éviter qu’il se relève fréquemment – ce sont autant de motifs de distraction – d’autant que vous allez le « fixer » le plus possible à ce qu’il fait, pour mobiliser au mieux ses capacités cognitives.
Il peut être intéressant d’apprendre – et de faire avec lui – quelques exercices pour mobiliser l’attention. C’est même un prélable indispensable chez les enfants qui ont fortement tendance à bouger, se balancer, agiter leur crayon… toutes choses parfaitement agaçantes pour un parent qui a hâte qu’on en finisse ! Pratiquez ensemble quelques respirations en rythme, des méditations courtes, un peu de sophrologie ou un ou deux exercices de la méthode Vittoz. Ils aident à se sentir ici et maintenant, pleinement présent et efficace (voir quelques exemples ci-dessous).
4 – Ordonnez les choses à faire en visant l’autonomie
Vous allez sélectionner avec lui l’ordre des travaux sur la soirée. Vous y passerez un peu de temps au départ, mais n’oubliez pas que vous cherchez aussi à le rendre responsable, autant qu’il comprenne rapidement pourquoi on agit ainsi.
Schématiquement, les devoirs à la maison se répartissent en quatre types de tâches, qui l’amènent à :
- lire (pour acquérir une aisance à la lecture et l’habituer à la compréhension des textes, des concepts, des idées),
- apprendre, comprendre ou retenir (que ce soit des leçons, des règles, des mots de dictées, une poésie, des tables, des définitions…),
- mettre en application les savoirs (exercices où il utilise par lui-même ce qu’il a appris en classe),
- produire (une rédaction, un dessin…).
Certains parents choisissent d’aller du plus facile au plus difficile, en fonction de l’intérêt (ou de la motivation) de l’enfant. Cette approche est risquée car elle demande le maximum de concentration à la fin, c’est-à-dire au moment où l’enfant est le plus fatigué ou distrait.
Proposez-lui plutôt de commencer par ce qu’il peut faire tout seul et rapidement, avec une surveillance minimum, comme par exemple les exercices qu’il comprend, ou la lecture. Si votre enfant fréquente l’étude dirigée de son école, conseillez-lui de « s’avancer » en effectuant en priorité ces travaux à l’étude.
Vous interviendrez donc en deuxième partie de devoirs, pour le soutenir dans ce qui demande le plus d’explications ou de temps. Un travail perçu comme trop long est celui qui risque le plus de faire déraper la séance de devoirs. C’est pour ce type de tâches qu’il vous faudra être vigilant.
Quelques astuces :
- Fixez avec votre fils ou votre fille des petits objectifs, ayant un début et une fin ou l’amenant à un résultat tangible.
Ex. : « Tes deux exercices de maths, tu peux les faire tranquillement en 10 mn. Viens me voir quand ils sont finis, je te ferai réciter tes tables de multiplication ». - Passez ensemble un contrat « tenable » (sans chantage ni négociation), en laissant à l’enfant la possibilité de faire des choix binaires.
Ex. : « Tu commences tes conjugaisons tout seul, et je viendrai te montrer quelques exemples. ». « Tu préfères apprendre ta poésie ce soir ou mercredi ? ».
5 – Prenez un peu d’avance
Pour éviter que certaines soirées soient surchargées, anticipez un peu (quand c’est possible) sur le travail à venir. Sur la semaine, vous pouvez répartir – donc alléger – les travaux plus « lourds » :
- Les devoirs du mardi soir peuvent être divisés entre cette soirée et un temps défini le mercredi (surtout pas toute la journée). Idem pour le vendredi.
- Une poésie, la révision d’un contrôle peuvent être isolés sur un moment « rien que pour ça ». Par exemple, en y consacrant trente minutes le samedi en fin d’après-midi.
- Habituez votre enfant à s’avancer mais aussi à différer certains travaux. Certaines petites filles particulièrement angoissées veulent tout savoir tout de suite, apprennent vite et passent le reste de la semaine à rabâcher ce qu’elles savent déjà, au risque de l’oublier.
- Donnez-lui des outils pour se repérer : accrochez une ardoise effaçable dans sa chambre, sur laquelle vous allez répartir l’emploi du temps « devoirs » de la semaine. Si tout est prévu et planifié, plus de raisons de s’inquiéter.
Ainsi, vos soirées devraient également s’en trouver allégées !
Enfin, vous pouvez l’habituer à quelques exercices inspirés de la sophrologie et de la méthode Vittoz pour se reconcentrer :
- s’asseoir dos droit et pieds à plat sur le sol, fermer les yeux et « sentir » tous les points de contact du corps avec le siège et le sol, depuis les omoplates jusqu’à la plante des pieds,
- respirer lentement en écoutant son souffle, comme si on entendait le bruit des vagues,
- yeux fermés, tracer avec son doigt son prénom en majuscules sur son front, et imaginer qu’on le « lit » de l’intérieur,
- visualiser mentalement le chiffre « 1 », puis le tracer – toujours mentalement – , en diminuant à chaque fois un tout petit peu sa taille…