Fini le temps des châteaux de sable patiemment construits sur la plage et du trampoline du club Mickey. Exit les glaces et autres chichis dégustés sous le soleil. Votre enfant chéri est devenu un de ces ados voûté sur lui-même ou à la moue sempiternellement renfrognée, et qu’il faut traîner en vacances. Quand il/elle s’exprime, c’est pour lâcher un « c’est nul », « j’ai pas envie », « fait chaud » ou « fait froid » qui ont le don de vous agacer. Pour survivre à cette épreuve – et aux longues négociations sur les sorties ou les horaires, appliquez une stratégie déculpabilisée – et bienfaisante pour toute la famille.

Associez- le dès la préparation des vacances

Si, vous, vous rêvez du Lubéron, de ses cigales et du farniente autour de la piscine en lisant un polar, il y a fort à parier que votre ado n’apprécie pas du tout ce genre de vacances où il n’y a « rien à faire ». Quand vous réservez, pensez aussi à lui. Les résidences-vacances ont souvent des clubs intégrés où les ados peuvent se retrouver entre eux – et en toute sécurité pour les plus jeunes.
Les activités sur place peuvent éviter d’avoir à sortir : piscine, toboggans, club de sport, bar ou discothèque… Envisagez la situation du village le plus proche- et facilement accessible en vélo – avec quelques lieux emblématiques où il pourra retrouver d’autres jeunes ou s’amuser sans vous. Vérifiez s’il y a des navettes qui circulent de la plage jusqu’à votre lieu de villégiature – et jusqu’à quelle heure – s’il veut surfer tard avec ses potes ou griller des chamallows sur la plage.
Si vous préparez un voyage lointain, parlez-en avec lui avant pour lui montrer les attraits de ces découvertes. Associez-le au choix des visites. Nommez-le « community manager » et proposez-lui de tenir le carnet de voyages de la famille : blog dédié ou compte Instagram où il pourra poster photos, vidéos et impressions.

Lâchez du lest

Les vacances sont faites pour vivre différemment du reste de l’année. Donc on est souple sur les règles habituelles : activités, horaires du coucher, du lever, voire des repas. Oubliez les devoirs et surtout laissez-le dormir ! Un ado a des besoins exponentiels de sommeil. Non, il n’ira pas avec vous au marché du village pour goûter aux fromages de chèvre de l’éleveur local. Toute l’année il est contraint de se lever à heure fixe pour aller en cours, laissez-le combler ses besoins de sommeil – même si ça vous agace.
Le principal écueil, ce sont les sorties – ou plutôt, les horaires de retour. Étendez la « permission de minuit » et faites-lui confiance. Selon son âge et sa maturité, il pourra rentrer entre minuit et 2h du matin – tout en se tenant obligatoirement à cet horaire. Définissez aussi avec lui ce que nous n’autorisez pas : boire de l’alcool, rentrer seul ou sur le scooter d’un copain (et pire, sans casque). Du lest ne signifie pas non plus « avoir la bride sur le col » : s’il ne respecte pas ce dont vous avez convenu, il en assume les conséquences le lendemain. Dans la vie, on a toujours le choix.
Précision importante : les règles d’été valent pour l’été. A la rentrée, on reprend les bonnes habitudes !

Laissez-le prendre de l’autonomie

Que ce soit clair, votre adolescent(e) veut passer le moins de temps possible avec vous, et l’été, c’est idéal pour cela. Pour lui, c’est une période de nouvelles expériences, de passages d’étapes, de rites initiatiques : premières sorties, premières amours… Il a besoin de vivre des choses personnelles et loin de votre regard. Évoquez avec lui les dangers potentiels, sans tomber dans l’anxiété. Collégien ou lycéen, il est parfaitement informé sur les risques liés aux drogues ou à la sexualité, mais on peut toujours revenir dessus, c’est aussi le rôle des parents. Ne vous faites pas d’illusion : il enfreindra certaines de ces règles de toute façon, ça reste un adolescent.
Respectez son intimité en évitant de poser trop de questions – mais ne vous laissez pas non plus imposer le/la petit(e) ami(e) qu’il vient de rencontrer au Paradise, vous aussi avez droit à votre tranquillité.

Seul et ensemble

Autonomie ne signifie pas qu’il vit seul dans son coin, comme un zombie, sans tenir compte des autres membres de la famille. Vous n’irez plus à la plage à 4 ou 5 en chantant mais il est important d’aménager et préserver des moments partagés, où on se retrouve ensemble. Les repas sont idéaux pour cela. Convenez que même s’il se lève à midi, il déjeune avec tout le monde.
Et dans ces moments-là, pas de portable, ni de tchat, ni de snap… Il est prié d’être lavé et habillé – et aimable avec ses frères et sœurs.
N’oubliez pas de le faire participer aux tâches de la maison. Même s’il n’est éveillé que la moitié du temps, il peut aider à débarrasser la table, ranger le linge ou laver la voiture.

Emmenez un copain

La vraie bonne idée ! Deux ados sont plus faciles à gérer qu’un seul, surtout si le deuxième n’est pas le vôtre. Ils s’occupent ensemble, ils sortent et rentrent ensemble… Et, miracle, le/la copain/copine de votre fils/fille est mieux élevé que votre enfant, de meilleure humeur et plus serviable. Il sert de modèle et de médiateur en cas de conflit. C’est votre meilleur allié. Bonne nouvelle : quand votre enfant est chez les autres, il fait pareil !

L’adolescent qu’il soit en vacances ou non, confronte fréquemment ses parents à leur rapport à l’autorité, d’autant qu’il la teste en permanence et plus ou moins consciemment. Quel parent aime les conflits ? Oui, il faut souvent « remettre du cadre ». Oui, c’est épuisant (l’éducation, c’est répéter). Non, vous n’êtes pas un tyran quand vous lui imposez une règle. Les parents-copains ne sont pas toujours de bons éducateurs – et paradoxalement, n’obtiennent pas forcément ce qu’ils veulent. Ça n’est pas en lui « cédant tout » que vous parviendrez à l’amadouer ou le mettre de bonne humeur, bien au contraire. Vous cherchez à vous faire plaisir, et vous adoptez une attitude déstabilisante pour votre ado.

Dans une interview récente*, le pédiatre Aldo Naouri insiste sur la verticalité de la relation parents-enfants et son aspect sécurisant : « L’enfant est travaillé de manière extrêmement forte par la peur de la mort. Tant que sa mère ou son père se place dans une position verticale par rapport à lui, l’enfant se dit « mon parent est là. Tant qu’il est là, il est le premier sur la ligne, je n’ai pas de soucis à me faire ». L’horizontalité de la relation laisse entendre que parents et enfants sont au même point, sur la même ligne, c’est-à-dire que tous peuvent mourir demain. C’est très angoissant ».

Mais tout cela passe vite : trois ou quatre étés tout au plus. Un jour votre ado partira seul, et là vous aurez vraiment de quoi vous inquiéter… ou savourer enfin de vraies vacances !

*ELLE, 23 juin 2017

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